Le « coup de pouce » de Hollande au smic : On est loin du compte27/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2291.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le « coup de pouce » de Hollande au smic : On est loin du compte

Avant son élection, Hollande avait promis un coup de pouce sur le smic, afin de « rattraper ce qui n'avait pas été accordé » durant le quinquennat de Sarkozy. Finalement Michel Sapin, ministre du Travail, a annoncé une hausse de 2 % au 1er juillet. Compte tenu de l'inflation, qui atteint 1,4 % depuis la dernière hausse du smic au 1er janvier 2012, ce fameux coup de pouce ne représente plus que 0,6 % en réalité. Pas de quoi pavoiser, puisque 0,6 % c'est, en tout et pour tout, 6,60 euros supplémentaires par mois au maximum, pour un smicard travaillant à temps plein.

Et encore, il se dit déjà dans certains journaux que même cette hausse infime pourrait être « compensée » dès le 1er janvier prochain, c'est-à-dire que la hausse légale du smic prévue à cette date-là, censée suivre l'inflation, pourrait bien être revue... à la baisse.

On n'en a pas moins assisté à de multiples déclarations s'opposant à l'augmentation du smic. L'UMP et le Medef ont évidemment vivement protesté, Laurence Parisot évoquant sans vergogne un « risque majeur pour l'emploi », elle qui représente le grand patronat responsable des licenciements en cascade et du chômage.

Un groupe de prétendus experts, mis en place en 2009 et qui doit désormais obligatoirement être consulté pour chaque augmentation au 1er janvier, a également donné de la voix. Son président, Paul Champsaur, ancien directeur de l'Insee, a osé dire que la France avait un chômage « plus important que la moyenne », à cause de « 35 années de coups de pouce au smic trop élevés ». Et d'ajouter qu'une augmentation du smic tirerait les salaires vers le haut, alors que, selon lui, il faudrait que les salaires « augmentent nettement moins vite ».

Dans les faits, le gouvernement va dans le même sens. Face aux critiques, il avait promis un coup de pouce « raisonnable », ce qui montrait déjà sa volonté de ne pas heurter le patronat et de ne pas donner aux travailleurs l'espoir d'une augmentation conséquente des salaires. Pour le nouveau gouvernement comme pour le précédent, la « raison » est donc du côté des capitalistes qui refusent qu'on touche à leurs profits. Michel Sapin a répété le prétexte sans cesse invoqué, une « situation économique difficile », pour se justifier de ne pas avoir satisfait ce qu'il appelle pourtant « l'aspiration légitime des citoyens dont les salaires sont les plus bas à une progression de leur pouvoir d'achat ».

Ce n'est pas de ces minuscules « coups de pouce » qu'ont besoin les bas salaires, mais d'un smic qui atteigne au moins 1 700 euros net pour permettre de vivre décemment. Et ce sont tous les salaires qui doivent être indexés automatiquement sur la hausse des prix.

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