Éviction d'une ministre : Les compagnies pétrolières dictent leurs ordres27/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2291.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Éviction d'une ministre : Les compagnies pétrolières dictent leurs ordres

Nicole Bricq, ministre de l'Écologie nommée par Hollande au lendemain de son élection, avait dans un premier temps refusé de signer un arrêté donnant le feu vert à un forage pétrolier au large de la Guyane. Elle avait d'ailleurs obtenue, comme l'a révélé la presse, que la compagnie Shell prenne un certain nombre d'engagements sur le respect de l'environnement. Mais les choses n'ont pas traîné : Nicole Bricq s'est vue mutée à un autre poste.

Avec le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, elle avait annoncé le 13 juin une remise à plat de tous les permis d'exploration pétroliers et gaziers, dont ceux déjà accordés en eau profonde au large de la Guyane à un consortium pétrolier mené par Shell avec la participation de Total. « On est très attachés à la protection de la faune marine et de l'environnement, et nous n'avons aucune garantie quant à ça », avait-elle dit.

Ce refus avait fortement déplu aux compagnies pétrolières : « On a fait remarquer que la décision de ne pas signer les arrêtés de démarrage des travaux était grave. Nous étions très, très inquiets. C'est extrêmement rare de suspendre des permis », a expliqué Jean-Louis Schilansky, président du syndicat patronal des compagnies pétrolières et membre du comité exécutif du Medef.

Le 16 juin, Bricq et Montebourg reculaient, annonçant dans un nouveau communiqué qu'il n'était « pas envisagé de remettre en cause les permis déjà octroyés pour la recherche de pétrole et de gaz conventionnel ». Et le 20 juin deux arrêtés donnaient au consortium pétrolier les autorisations voulues. Les forages et les études sismiques pouvaient commencer, sans aucun retard par rapport au planning. À cette date, Nicole Bricq n'était déjà plus ministre de l'Écologie. Elle avait appris, à sa grande surprise, sa mutation à la tête du Commerce extérieur.

« Nous n'avons pas demandé la tête de Mme Bricq », a déclaré J-L Schilansky, interrogé sur le rôle des compagnies pétrolières dans cette éviction. Cela est fort possible, tout comme il est vraisemblable que Hollande soit allé au-devant de leurs désirs. Parfois, les serviteurs n'attendent pas les ordres de leurs maîtres pour savoir ce qu'ils ont à faire.

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