Sealynx -- Charleval (Eure) : Après dix jours de grève, Renault a dû prendre des engagements27/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2291.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sealynx -- Charleval (Eure) : Après dix jours de grève, Renault a dû prendre des engagements

Les 500 travailleurs de Sealynx Ruia, à Charleval dans l'Eure, viennent de faire dix jours de grève pour obtenir des garanties pour le maintien de leur entreprise, qui fabrique des joints d'étanchéité pour l'automobile.

Victime de la pression drastique des constructeurs et des réorganisations constantes qu'ils imposent à leurs sous-traitants, l'usine est passée de 2 000 ouvriers au milieu des années 1990, à 1 200 en 2006, 720 l'an dernier encore, 500 aujourd'hui. La saignée dans les effectifs s'est faite au gré de reprises successives (quatre en quelques années), pour finir par Ruia, qui est venu signer à Charleval ses engagements au printemps 2011... et n'est plus réapparu, jetant l'éponge à la fin de l'été suivant.

Aujourd'hui, les ouvriers de Sealynx travaillent surtout pour Renault, un peu pour PSA et quelques autres. Dans les faits, depuis 2007, c'est Renault qui assure l'essentiel des commandes (85 %) et garantit la trésorerie.

Mais l'entreprise a été mise fin avril en redressement judiciaire. Les deux repreneurs retenus prévoyaient une nouvelle coupe dans les effectifs et l'un d'eux demandait même 80 millions à Renault... de quoi payer un plan de licenciements, de vagues mesures de « revitalisation » de la vallée de l'Andelle, à l'emploi sinistré, et le profit du liquidateur.

Précédée de l'arrêt du chargement des pièces produites depuis le jeudi précédent, la grève a démarré, unanime, lundi 11 juin, avec brasero et piquet jour et nuit à l'entrée.

Une douzaine de sites Renault ont très vite été touchés, arrêt de chaîne à Batilly, voitures sorties sans joints de porte à Flins... Et le constructeur a tout aussi vite envoyé son n°3 discuter dans l'Eure, à la préfecture, et même sur le site de l'usine.

À l'appel de la CGT, contre l'avis des autres syndicats, les grévistes ont rejeté ses premières propositions. En lisant bien, tous les engagements « fermes » de Renault dépendaient en fait de la réalisation de conditions pas du tout certaines : trouver un partenaire, de nouveaux clients. Seule la liste des exigences en retour était claire et concise : reprise du travail, livraison des pièces...

Renault a donc dû se faire un peu plus précis : garantie de financement jusqu'au bout pendant la période de redressement judiciaire, garantie de volume d'activité pour tous les salariés en CDI à Charleval jusqu'en 2015, fin du « ressourcing » sauvage (Renault copiait outils, machines, bien au-delà de ce que prévoyait un accord précédent), arrêt de la recherche d'autres sous-traitants pour la même production...

Enfin Montebourg, le ministre du Redressement productif, s'est engagé à ce que l'État suive l'application de l'accord. Ce qui a compté dans la décision de reprise votée mercredi 20. Mais cela ne lève pas totalement la méfiance des salariés, durement instruits par l'expérience passée.

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