Groupe Doux : Ce sont les rapaces qu'il faudrait plumer27/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2291.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Groupe Doux : Ce sont les rapaces qu'il faudrait plumer

Samedi 23 juin, près de mille manifestants se sont retrouvés dans les rues de Châteaulin, dans le Finistère, base du groupe Doux, pour protester contre les menaces qui pèsent sur l'emploi des 3 400 salariés de ses usines et sur le revenu de près de 800 éleveurs, fournisseurs du volailler.

Suite au placement de l'entreprise en redressement judiciaire début juin, l'administrateur a annoncé vendredi 22 juin que finalement le groupe serait sans doute vendu et qu'il cherchait un repreneur. Il pourrait ne plus être question de continuer l'activité avec les propriétaires actuels. Qu'il soit décidé la continuation ou la cession -- le tribunal de commerce de Quimper doit trancher dans les semaines à venir -- ,les salariés savent que leur emploi est menacé.

Le groupe Doux n'est pas une petite entreprise. Il appartient pour 80 % à la famille Doux et pour 20 % à la banque BNP Paribas. La fortune de la famille du patron propriétaire, Charles Doux, se montait à 330 millions d'euros en 2011, au 146e rang du classement des fortunes françaises -- classement fait par la revue Challenge. Une fortune très confortable entièrement bâtie sur l'exploitation très dure des travailleurs. Le salaire est bas : même après trente années de travail dans les abattoirs, il ne dépasse pas 1 200 euros. Des cadences infernales entraînent de très nombreux accidents du travail et des maladies professionnelles. Le travail en équipes sur les chaînes d'abattage et de conditionnement des poulets se déroule dans des odeurs infectes et dans le froid. Il faut ajouter à ce tableau les restructurations destinées à diminuer le « coût du travail ». Ainsi, depuis dix ans, les fermetures de sites se sont succédé, et plus de 2 000 salariés ont perdu leur emploi.

Dans le passé, le groupe a connu des difficultés, qui n'ont cependant jamais affecté la fortune familiale. En 2007 par exemple, le déficit de 45 millions d'euros, qui venait s'ajouter à la dette de 310 millions d'euros, n'a pas empêché leur fortune personnelle d'augmenter de 18 %. Il faut ajouter que le groupe est un gros bénéficiaire de subventions, avec un milliard de subventions versées depuis quinze ans dont l'essentiel provient d'aides européennes par le biais de la Politique agricole commune. C'est sans doute ce que les gouvernants des différents États de l'Union européenne appellent aider les petits exploitants.

En 2008, le groupe affichait de nouveau un bénéfice de 52,3 millions d'euros. Mais les salariés n'eurent droit qu'à 83 centimes, au titre de la participation à cette richesse qu'ils avaient pourtant fortement contribué à créer. Aujourd'hui, Doux serait de nouveau étranglé par une dette estimée à 430 millions d'euros.

Pourquoi le groupe, premier volailler d'Europe, s'est-il retrouvé dans le rouge ? Les travailleurs n'en savent rien. Même les décisions qui les touchent directement, ils les découvrent... dans la presse, contrairement aux affirmations de Jean-Charles Doux selon lesquelles son père « a toujours privilégié les salariés » et toutes ses décisions ont été prises « sous le regard des salariés et éleveurs ». Mais quelles que soient les raisons qui ont amené ce groupe au dépôt de bilan, ce doit être à tous ceux qui font des affaires sur le dos de la population laborieuse, patrons de la famille Doux ou banques, de payer pour maintenir tous les emplois.

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