Amazon à Chalon-sur-Saône : Un fleuve de bonne affaires et un pont d'or en Bourgogne27/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2291.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Amazon à Chalon-sur-Saône : Un fleuve de bonne affaires et un pont d'or en Bourgogne

Le faire-part a fait la une de tous les journaux : Amazon.fr, championne de la vente sur Internet, et Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, sont heureux d'annoncer la naissance de mille emplois nouveaux à Chalon-sur-Saône. Comme l'exige la tradition, les dragées, la layette et jusqu'au berceau ont été offerts par l'argent public.

Le patron d'Amazon France a expliqué que Chalon-sur-Saône était non seulement un noeud de communications mais bénéficiait en plus d'un remarquable « bassin d'emplois », c'est-à-dire d'un taux de chômage suffisant pour que des travailleurs qualifiés acceptent d'être payés au salaire minimum. Montebourg a quant à lui ajouté que les ouvriers locaux avaient l'habitude du travail posté et, viticulture oblige, du travail saisonnier. Ni l'un ni l'autre n'ont dit combien il y aurait de CDI sur les mille emplois, quel serait leur salaire et pourquoi il était nécessaire de travailler la nuit pour expédier des CD d'occasion.

Autre atout de Chalon, selon Amazon, sa « qualité de vie ». La ville s'engage en effet à subventionner le ramassage des travailleurs et à ouvrir crèches et garderies en nombre suffisant pour que les mères de famille puissent postuler, y compris pendant ces quelques semaines avant Noël, lorsqu'Amazon aura besoin de centaines de travailleuses supplémentaires. Comment dire de façon plus crue que l'État ne facilite la vie des travailleurs que pour faciliter leur exploitation ?

Enfin, Amazon touchera les subventions habituelles. Aux dégrèvements de cotisations sociales sur les bas salaires, c'est-à-dire en l'espèce sur quasiment tous les salaires, s'ajoutera la « prime à l'aménagement du territoire », soit, d'après les chiffres du ministère de l'Économie, de 15 à 25 000 euros par emploi permanent créé.

On pourrait supposer qu'une partie de cette manne reviendra sous forme d'impôt sur les bénéfices. Même pas : Amazon est domicilié fiscalement au Luxembourg. L'entreprise ne déclare en France que la partie manutention de son activité, alors qu'elle réalise ses profits sur les ventes opérées en ligne, c'est-à-dire nulle part et donc là où le taux d'imposition est le plus intéressant. Ce procédé fiscal, commun à toutes les sociétés travaillant sur Internet, avait été dénoncé en son temps par un certain Arnaud Montebourg.

Mais c'était avant qu'il soit ministre.

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