Air France - un plan de deux milliards d'économies : La direction veut « éjecter » un salarié sur dix27/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2291.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France - un plan de deux milliards d'économies : La direction veut « éjecter » un salarié sur dix

La direction d'Air France vient de rendre publics les éléments de son plan Transform 2015. Avec notamment 5 122 postes qu'elle prévoit de supprimer, ce serait la plus forte réduction d'effectifs annoncée par une entreprise en France depuis 2007. Toutes les catégories de personnel sont frappées : 3 022 postes risquent de disparaître parmi le personnel au sol, 1 506 chez les hôtesses et stewards, 594 chez les pilotes.

Ce plan vise à faire deux milliards d'euros d'économies en trois ans, au détriment de tous les salariés de la compagnie.

Un emploi sur dix menacé

Ce que la direction appelle obtenir « 20 % d'efficacité économique » supplémentaire se traduit par des moins dans tous les domaines pour les salariés d'Air France.

Moins d'effectifs, puisque 5 120 des 49 300 salariés sous contrat français devraient disparaître avant la fin 2013. Pour arriver à supprimer plus d'un emploi sur dix, la direction compte sur un tiers de départs « naturels » (retraites, décès) et deux fois plus « d'incitations au départ volontaire » acceptées. Faute d'atteindre cet objectif, elle procédera, dit-elle, à des « départs contraints ». En clair, elle licenciera.

Et rappelons que, en une quinzaine d'années, des plans de « départs volontaires » successifs ont fait passer l'effectif de plus de 70 000 à moins de 50 000 salariés, alors que la charge de travail n'a pas diminué, au contraire.

Plan de vol... des salariés par la direction

Mais la direction ne s'en prend pas qu'aux effectifs. Elle a commencé à rogner sur les RTT et les congés d'hiver, en faisant savoir qu'elle entendait récupérer l'équivalent de dix à douze jours de travail par salarié sous des formes diverses. Et d'ajouter : gel des salaires, des embauches, des avancements, flexibilité accrue, horaires rallongés, nouveau calcul de l'ancienneté, etc.

À elle seule, la mesure concernant l'ancienneté rapportera plusieurs dizaines de millions d'euros par an à la direction, rien que sur les 25 000 membres du personnel au sol. Pour un mécano moteurs ayant encore à travailler une douzaine d'années, c'est plus de 12 000 euros qu'on lui vole ainsi. Par rapport au système actuel, un mécano en début de carrière perdra de la sorte tout au long de sa vie de travail un total de 50 000 euros !

Dans le cas des pilotes, combinant baisse d'effectifs et baisse de rémunération, la direction veut contraindre certains à accepter d'être « prêtés » à d'autres compagnies, chinoises par exemple, ou à ne plus travailler ici qu'à temps partiel.

Le patron, les directions syndicales et les travailleurs

La direction a déclaré qu'elle donnait aux directions syndicales jusqu'à la fin juin pour approuver son plan. Mais, dans les ateliers ou en piste, à plusieurs reprises ces derniers temps des travailleurs ont admonesté publiquement des représentants de la CFDT ou du SNMSAC (syndicat corporatiste, affilié à l'UNSA), dont les dirigeants se verraient bien apposer leur signature en bas du plan du patron. Le prétexte qu'invoquent ces derniers, et ils n'en ont pas d'autre, est d'éviter des licenciements secs. Mais la direction ne s'y engage même pas ! Et de toute façon, on a malheureusement pu le vérifier en bien des occasions, ce ne serait aucunement une garantie.

Certaines directions syndicales accepteront-elles de se rendre ouvertement complices du plan de la direction ? En tout cas, dans des secteurs où par exemple le SNMSAC a une certaine influence, tels les mécanos de piste, secteurs qui sont parmi les plus menacés en termes d'effectifs et de baisse du salaire réel, les travailleurs ne veulent pas entendre parler d'une telle signature.

Le plan Transform 2015 est accueilli par beaucoup de travailleurs comme un mauvais coup que veut leur porter la direction. Ils disent et savent encore plus qu'ils ne sont pour rien dans les difficultés réelles ou prétendues qu'invoque la direction pour justifier son plan.

N'en déplaise aux dirigeants de la compagnie, voire de certains syndicats, ce coup ne doit pas rester sans réponse.

S'il faut faire des économies, qu'Air France prenne sur les milliards qu'elle a accumulés ces dernières années, quand elle se présentait comme une des compagnies les plus profitables au monde, qu'elle prenne aussi sur les dividendes et le capital de ses gros actionnaires ainsi que sur les salaires exorbitants de ses dirigeants.

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