Brésil : Dis-moi qui tu hantes...27/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2291.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Brésil : Dis-moi qui tu hantes...

Ce n'est qu'une photo, mais elle aura scandalisé bien au-delà de la presse qui s'en est délectée, mardi 18 juin. On y voit l'ex-président Lula serrant la main de Paulo Maluf, en présence du candidat du Parti des travailleurs à la mairie de Sao Paulo à l'automne prochain.

Lula, ancien ouvrier métallurgiste, syndicaliste, dirigeant de grandes grèves sous la dictature des généraux brésiliens, fondateur du Parti des travailleurs (PT), président de 2003 à 2010, a réussi à conserver sa réputation d'intégrité même lorsque ses proches étaient compromis dans des scandales politico-financiers. Il est à coup sûr le Brésilien le plus populaire dans son pays et dans le monde entier.

Paulo Maluf, lui, n'est connu que des Brésiliens, mais à leurs yeux il incarne la corruption des milieux politiques traditionnels. Maluf a fait une belle carrière sous la dictature, qui l'a successivement nommé maire de Sao Paulo, secrétaire d'État, gouverneur de l'État de Sao Paulo. À la fin de la dictature en 1985, il a dirigé un parti très à droite, adoptant les positions les plus réactionnaires et maniant la corruption à grande échelle, au point d'être aujourd'hui officiellement recherché par Interpol. Et voilà que, pour donner au candidat du PT l'appui et le temps d'antenne de son parti, Maluf a exigé que Lula en personne vienne sceller l'accord, et que la scène soit immortalisée par une photo.

Lula est donc venu, a serré la main de Maluf devant le photographe, a laissé son candidat parler de « notre illustre Maluf » et qualifier ses partisans de « camarades », et il est parti au bout d'un quart d'heure.

Les militants de base et les électeurs du PT ont depuis une vingtaine d'années avalé bien des couleuvres de la part de la direction de leur parti : alliances avec des politiciens et des partis réactionnaires, achats de voix et combines en tout genre, mesures politiques favorisant la bourgeoisie au détriment des classes populaires. Toutefois cette photo risque, à certains d'entre eux au moins, d'en apprendre bien plus que de longs discours.

Partager