Espagne : Ce n'est pas aux classes populaires de payer27/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2291.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : Ce n'est pas aux classes populaires de payer

Le gouvernement espagnol vient d'annoncer qu'il demande bien 100 milliards pour sauver son système bancaire, soit le maximum qui avait été prévu par les institutions européennes. Ce cadeau aux banquiers équivaut à 10 % de la richesse produite en Espagne en un an. Avec une telle somme, il y aurait de quoi créer des millions d'emplois (5 millions à 1 500 euros par mois, évaluent certains), de quoi résoudre le problème du chômage, de quoi produire des richesses, améliorer l'éducation et les services de santé.

Eh bien non, tout cet argent ira remplir les coffres des banques espagnoles, qui continueront de spéculer, voire de tenter d'investir dans l'immobilier de luxe, pendant que les familles sont expulsées des logements récents ou neufs parce qu'elles ne peuvent plus rembourser les sommes empruntées.

Plus grave encore, c'est aux classes populaires que les capitalistes et le gouvernement vont demander de rembourser cette énorme dette. Les mesures d'austérité ne cessent de se multiplier. Elles vont encore s'aggraver. Il y a quelques semaines, Rajoy prétendait qu'il ne se plierait pas aux exigences des institutions européennes concernant les dépenses de l'État espagnol. Mais le gouvernement de Rajoy n'a pas besoin de leurs diktats pour racketter sans cesse davantage la population et vient d'annoncer clairement que les mesures d'austérité seraient encore aggravées.

C'est ainsi qu'il vient d'annoncer une nouvelle réforme du droit du travail, voulue depuis des mois par le patronat espagnol qui juge la précédente réforme d'il y a six mois insuffisante, car encore trop contraignante pour lui. Le patronat veut encore plus de liberté pour licencier, pour baisser les salaires, pour systématiser la précarité. Les mesures, qui vont se préciser dans l'été, toucheront de proche en proche tous les secteurs d'activité. Rajoy et les siens rêvent d'une législation qui ferait de l'Espagne la championne en matière de « flexibilité ».

Mais ce n'est pas tout. Après s'être fait pendant plusieurs mois l'apôtre du refus de toute augmentation générale de la TVA, en expliquant que cela entraînerait une diminution trop importante du pouvoir d'achat de la population, Rajoy vient de faire volte-face. La TVA va augmenter, de façon modulée -- dit-il -- pour certains produits, mais cela se traduira par une augmentation générale des prix. L'augmentation de cet impôt injuste devrait contribuer à remplir les caisses de l'État, qui continuera de financer les banques, pendant que salariés, précaires, chômeurs et retraités, auront de plus en plus de mal à faire face aux dépenses de base, en même temps que cela entraînera sans doute la faillite de nombreux petits commerces et de petites entreprises.

Par ailleurs, dans les différentes régions du pays les financements publics sont amputés, voire annulés, et ce sont des secteurs entiers d'activité qui sont menacés de disparition. La fermeture programmée des mines des Asturies en est un exemple.

Alors, dans les classes populaires il y a de l'inquiétude, de la rage et un sentiment partagé par beaucoup qu'il ne faut pas laisser faire. Le mouvement des mineurs suscite la sympathie. Tous les appels à manifester contre les attaques à la santé, à l'éducation, aux services publics sont suivis, et très largement. Faire barrage à tous ceux, gouvernants, banquiers et patronat, qui organisent cette régression, c'est cela qu'il faut préparer.

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