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Continental-Clairoix (Oise) : Trois ans après la fermeture le gouvernement face aux travailleurs
Il aura fallu un bras de fer de plusieurs semaines, et une manifestation rassemblant plusieurs centaines d'ex-travailleurs de Continental Clairoix à la sous-préfecture de Compiègne lundi 25 juin, pour que le gouvernement finisse par concéder la simple tenue d'une réunion tripratite, salariés-Continental-État, en vue de faire respecter l'accord qui devait permettre de reclasser les salariés licenciés.
Ce qui s'est passé depuis le 6 mai et la mise en place du nouveau gouvernement Hollande-Ayrault est bien révélateur.
Le reclassement des anciens salariés de Continental a tourné au fiasco. La prolongation de six mois de la mission de reclassement arrêtée avec Continental et l'État fin 2011, pour rattraper le retard pris, est un véritable désastre. En six mois il y a eu à peine dix conclusions de contrats en CDI et 25 contrats temporaires de plus de six mois. Au total, il reste 590 salariés inscrits à Pôle emploi, dont seuls deux cents, nés en 1957 et avant, bénéficient de protections particulières.
La direction de Continental a fait la politique de la terre brûlée, annonçant qu'elle disparaissait de l'Oise le 30 juin prochain, laissant les travailleurs à eux-mêmes. Le préfet de l'Oise, chargé par l'ancien gouvernement de conduire les réunions dont le but était d'assurer le maximum de reclassements, manifestait son impuissance et s'en rapportait aux décisions à venir des nouveaux ministres. Le comité de lutte décidait alors de mettre en demeure le nouveau gouvernement d'assurer ses obligations sur l'accord du 25 juin 2009, dont l'État est cosignataire aux côtés de Continental France et Continental AG.
Les exigences sont d'autant plus fortes que Continental a réalisé, depuis la fermeture de Clairoix, 10 milliards d'euros de profits.
Il aura fallu l'annonce d'une première mobilisation pour que les représentants des ministères du Travail et du Redressement productif acceptent un premier contact. Mais ils refusèrent de dire s'ils soutenaient les salariés ou la direction du groupe multi-milliardaire. À la suite de cela, une délégation de cent travailleurs se rendit le 20 juin en direction de l'Élysée et de Matignon, drôlement accueillie par cent gardes mobiles qui l'encadrèrent de très près pendant tout le déplacement. C'était le message du gouvernement aux travailleurs de Continental : ils n'étaient pas les bienvenus.
Le chef de cabinet d'Ayrault les reçut à Matignon, mais refusa de s'engager à quoi que ce soit : ni à un quelconque soutien, ni même à mettre sur pied avant le 30 juin une réunion tripartite en vue de faire respecter les accords.
Devant cette attitude, le comité de lutte haussa le ton et appela les travailleurs à venir nombreux manifester à Compiègne lundi 25 juin, à l'occasion d'un jugement attendu au tribunal des prud'hommes. Plus de trois cents d'entre eux répondirent à cet appel. Le silence des anciens « soutiens » publics des salariés, Montebourg, Hamon, Duflot, qui fustigeaient les méthodes de voyou de Continental quand ils étaient dans l'opposition, et qui aujourd'hui sont ministres, fut copieusement hué, tout comme l'attitude de Hollande et Ayrault et leur démonstration musclée du 20 juin. La lettre exigeant d'Ayrault la tenue d'une réunion tripartite avant le 30 juin fut portée jusqu'à la sous-préfecture de Compiègne par des manifestants regonflés.
À 19 heures, du bout des lèvres et à regret, les représentants du gouvernement annonçaient la tenue le 28 juin de la réunion demandée.
Certes, une réunion est loin de régler les problèmes en cours. Mais les travailleurs ont utilisé le seul argument qui ait jamais compté, leur mobilisation. Et tout le monde a pu vérifier que le gouvernement ne valait guère mieux que l'ancien, et dans quel mépris il tient les travailleurs, sauf quand ils commencent à montrer les dents.