La France est sortie de l'Euro. Il s'agit bien sûr de l'éviction de l'équipe de France de la Coupe européenne de foot. Et cela s'est fait à grand fracas, tout comme lors de l'éviction de cette même équipe de la Coupe du monde, il y a deux ans, en Afrique du Sud.

On a eu droit à ce même déchaînement contre ces joueurs qui ont « souillé », par leur comportement, « notre honneur national » ; pire, « notre drapeau ». Tous ceux qui gesticulent dans le monde du sport -- mieux vaudrait dire dans ce petit monde où se mêlent milieux médiatiques et milieux d'affaires --, chroniqueurs, dirigeants, vrais-faux experts, en un mot tous ceux qui vivent grâce et autour du sport, y ont été de leur condamnation de ces joueurs, qualifiés à la fois d'enfants gâtés, pourris par le fric, au comportement de voyous (on a failli reconnaître la griffe de Bachelot, ex-ministre des Sports de Sarkozy qui, en Afrique du Sud, avait qualifié les joueurs de l'équipe de France d'alors de « voyous des banlieues »). Pensez donc, cette année encore, les joueurs avaient dit des gros mots et avaient insulté, horreur des horreurs, des journalistes. Un comportement encore moins raffiné que celui d'un président de la République qui s'était contenté d'apostropher un quidam en lui disant : « Casse toi, pauv'con. »

Tout ce tintamarre, ce fatras où se mélangent honneur national, millions d'euros, voyous, n'est que l'image, même pas caricaturale, du monde et de la morale que nous fabriquent en permanence ceux qui expliquent que cette société est une société, sinon parfaite, du moins exemplaire.