50 ans après l'explosion de la première bombe atomique française : Les essais nucléaires continuent à faire des victimes17/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2168.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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50 ans après l'explosion de la première bombe atomique française : Les essais nucléaires continuent à faire des victimes

Le 13 février 1960, la France faisait exploser sa première bombe atomique dans le grand Sud algérien, à une quarantaine de kilomètres de la ville de Reggane. Baptisée « Gerboise bleue », cette bombe était trois fois plus puissante que celle lancée sur Hiroshima. Cette explosion allait être suivie de trois autres tirs aériens, puis d'au moins treize tirs souterrains toujours en Algérie.

Entre 1960 et 1996, la France procéda ainsi à 210 essais nucléaires dans le Sahara algérien, puis en Polynésie.

À l'époque du premier tir, les dirigeants de l'État français et de son armée se félicitèrent de ce succès, qui faisait entrer la France de De Gaulle dans le club très fermé des pays possédant l'arme atomique, derrière les États-Unis, l'Union soviétique et la Grande-Bretagne. Aujourd'hui encore, Hervé Morin, le ministre de la Défense, parle d'une « magnifique épopée ».

Pourtant, ces tirs étaient loin d'être « propres » comme le prétendaient les responsables de ce programme. Les populations vivant à proximité comme les civils et les militaires français qui furent exposés aux radiations allaient en subir les conséquences. Le ministre de la Défense reconnaît qu' « environ 150 000 travailleurs civils et militaires sont théoriquement concernés, sans compter les populations qui vivaient au Sahara et en Polynésie à l'époque des essais ». Rien qu'en Algérie, la région touchée par les tirs s'étendait sur 150 km et comptait entre 16 000 et 20 000 habitants. Or l'État français s'est montré peu soucieux de leur sort, bien qu'un grand nombre d'entre eux aient été victimes de pathologies liées à l'exposition aux radiations. Et les effets néfastes de ces essais ne sont pas près de disparaître, d'autant qu'une grande quantité de déchets radioactifs ont été enfouis à quelques centimètres de profondeur sans que l'armée daigne fournir au gouvernement algérien l'emplacement de ces sites toujours classés « secret défense », et encore moins qu'elle propose de les décontaminer !

Le mépris des autorités françaises ne s'arrêtait pas aux populations locales. Ainsi un rapport confidentiel, rendu public par Le Parisien du 16 février, révèle que lors du tir réalisé le 25 avril 1961 l'armée française a volontairement exposé des soldats du contingent pour tester les effets des radiations sur les unités de combat. Quelque trois cents soldats participèrent à ces manoeuvres et certaines unités s'approchèrent à moins de 300 mètres du point d'impact une heure seulement après l'explosion ! Sans parler de tous ceux qui furent envoyés sans aucune protection relever les dosimètres posés sur des mannequins ou qui furent conviés par les gradés à assister à cette « magnifique démonstration de la puissance française » !

Après des décennies, les victimes ont obtenu l'an dernier la création d'un fonds d'indemnisation doté de dix millions d'euros. C'est la reconnaissance par l'État français, bien après les autres puissances nucléaires, des dommages causés et qu'il a longtemps niés. Mais même là, les autorités continuent à traîner les pieds. Ainsi, la France ne reconnaît que 18 maladies imputables aux radiations, alors que les États-Unis en reconnaissent 30. Quant aux victimes, combien sont déjà décédées ou le seront, avant que l'État français n'assume ses responsabilités ?

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