Le seul vote utile, c'est crier sa révolte !17/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2168.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Le seul vote utile, c'est crier sa révolte !

La réunion entre des dirigeants syndicaux et Sarkozy devait marquer le coup d'envoi des négociations au sujet des retraites. Le mot « négociation » est un abus de langage. Les dirigeants syndicaux ne sont invités que pour le décor, histoire de faire passer pour un accord négocié ce qui est un diktat. Obéissant aux exigences du grand patronat et des milieux financiers, le gouvernement est déterminé à aggraver les conditions de retraite en repoussant l'âge légal de départ et en diminuant le montant des pensions.

Ministres et commentateurs ressortent les discours mensongers sur le déficit croissant des caisses de retraite. Cent milliards d'euros en 2050, si on ne réforme pas le système, annonce le Premier ministre sur un ton catastrophiste. Comme s'il pouvait savoir ce qui se passera dans quarante ans, alors que lui-même comme ses ministres ont été incapables de voir ce qui se passait devant leur nez au moment où la crise se déclenchait aux États-Unis et où ils nous répétaient qu'elle ne traverserait pas l'Atlantique !

Et puis, le gouvernement a bien trouvé en quelques jours, et pas cinquante ans après, plusieurs centaines de milliards pour une poignée de banquiers et de grandes entreprises, c'est-à-dire pour sauvegarder la fortune de leurs propriétaires et de leurs actionnaires ! Rien en revanche pour les millions de travailleurs arrivés à l'âge de la retraite, si ce n'est la proposition de se crever au travail plus longtemps et pour une retraite réduite.

Rien que la comparaison entre les largesses pour les banquiers qui ruinent l'économie et la volonté de réduire la pension, déjà insuffisante, des anciens qui n'auront pas leurs annuités en raison du chômage, est d'une injustice révoltante. Mais ce qui l'est encore plus, c'est que c'est précisément pour donner plus aux banquiers, au grand patronat, que l'État économise sur tout ce qui concerne les classes populaires. Économies sur les services publics, sur les hôpitaux, sur les écoles, sur la retraite.

Cela a toujours été le cas. Mais aujourd'hui le gouvernement et le patronat profitent de la crise, de la crainte du chômage, d'un rapport de forces qui leur est particulièrement favorable, pour porter des coups supplémentaires aux classes exploitées. Prétendre que la « réforme des retraites » est inévitable parce qu'il y a de plus en plus de retraités par rapport aux actifs est un mensonge par omission. C'est taire l'essentiel : un même actif produit bien plus qu'il y a cinquante ans. On pourrait largement financer les retraites si la hausse de productivité n'était pas empochée par les seuls actionnaires ! Et il faut un sacré culot pour expliquer que repousser l'âge de la retraite est une nécessité pour l'économie, alors qu'il y a plus de trois millions de chômeurs, même d'après les chiffres officiels, et que des centaines de milliers de jeunes ne trouvent pas de travail !

L'attaque contre les retraites est une des nombreuses attaques menées par le grand capital et le gouvernement.

Mais ce n'est pas une fatalité. Le monde du travail a les moyens d'arrêter les coups qu'on lui porte. Si les patrons ont pour eux leurs capitaux, la propriété des usines et des banques et le soutien sans faille du gouvernement quelle que soit son étiquette, les travailleurs ont pour eux leur nombre et leur rôle irremplaçable dans la production. Ce sont les travailleurs qui font tout dans cette société. Ils ont les moyens d'arrêter toute la production et de stopper la fabrication du profit pour les plus riches. Ils ont même les moyens de menacer la fortune des plus riches comme leur mainmise sur l'économie.

Ces moyens, c'est leur lutte collective, c'est l'explosion sociale consciente.

Les élections régionales qui viennent ne remplaceront pas la lutte collective. Mais elles permettront de crier notre révolte contre une organisation sociale qui laisse crever ceux qui produisent, alors que les riches parasites responsables de la crise en profitent pour s'enrichir encore plus.

Nous présentons des listes Lutte Ouvrière partout dans le pays. Voter pour ces listes sera affirmer avec nous la conviction que, pour défendre les conditions d'existence des classes populaires, il faut faire payer le grand capital, les banquiers, les propriétaires et les actionnaires des grandes entreprises, et que, pour cela, les travailleurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes.

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