Santé : Un médecin sanctionné pour trop bien soigner ses malades17/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2168.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Santé : Un médecin sanctionné pour trop bien soigner ses malades

À Vitry-sur-Seine en banlieue parisienne, un médecin généraliste, le docteur Poupardin qui exerce dans un quartier populaire, est sanctionné par la Caisse primaire d'Assurance maladie parce qu'il prescrit trop de médicaments remboursés à 100 %.

Les personnes atteintes d'affections de longue durée (ALD), comme un cancer, une hypertension ou un diabète, bénéficient d'un remboursement à 100 % par l'Assurance maladie des dépenses liées à cette affection et notamment des médicaments. Oui, mais... les médecins qui les soignent doivent utiliser une ordonnance spéciale, une « ordonnance bizone », divisée en deux parties. Dans la partie haute, le médecin doit inscrire les médicaments en lien direct avec l'ALD et qui sont donc remboursés à 100 %. Dans la partie basse, il doit noter les médicaments dont le malade a besoin pour une autre maladie dite « intercurrente » et qui, eux, ne sont pas remboursés à 100 % mais seulement à 65, 35 voire 15 %.

Pas besoin d'être devin pour savoir ce qui se passe ensuite. À la pharmacie, les malades qui ont du mal à joindre les deux bouts, et qui n'ont ni mutuelle ni assurance complémentaire, demandent qu'on ne leur délivre que les médicaments du haut de l'ordonnance et renoncent, faute de moyens, à acheter ceux du bas.

C'est pour protester contre cette consigne qui contraint les plus pauvres à renoncer à une partie des soins dont ils ont besoin, et aussi parce que sur le plan médical il est bien difficile de pouvoir déterminer quelle maladie interagit, ou pas, avec telle autre, que le docteur Poupardin inscrit tous les médicaments qu'il prescrit à ses patients en ALD dans la zone supérieure des ordonnances « bizones ».

Du coup, l'Assurance maladie exige du docteur Poupardin le remboursement de ce qu'elle qualifie de préjudice, estimant à 2 600 euros la somme que ses malades auraient dû régler s'il avait rédigé ses ordonnances « bizones » selon les règles.

Depuis des années, avec les déremboursements de médicaments, le forfait de 1 euro pour les consultations et celui de cinquante centimes pour les boîtes de médicaments, le forfait pour les soins lourds, le forfait hospitalier, les franchises médicales, etc., ce qui reste à la charge des malades quand ils se soignent est de plus en plus lourd et, par voie de conséquence, le nombre de ceux qui renoncent à se soigner pour des raisons financières ne cesse d'augmenter.

Heureusement que des médecins s'opposent à cette entrave à la possibilité de se soigner !

Partager