L'Europe et la crise grecque : Le gourdin pour la population, la psychologie pour les financiers17/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2168.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

L'Europe et la crise grecque : Le gourdin pour la population, la psychologie pour les financiers

Jeudi 11 février, les chefs d'État de l'Union européenne se sont réunis pour tenter d'enrayer la vague spéculative contre les finances publiques grecques avant qu'elle ne touche d'autres pays, menaçant par là l'ensemble du système financier mondial.

Ils ont approuvé la volonté du gouvernement grec de faire payer rapidement la crise à la population et lui ont même conseillé d'aller plus loin en ce sens, si besoin était. Mais les chefs d'État européens, c'est-à-dire essentiellement Merkel et Sarkozy, n'ont pris aucune mesure financière concrète, se bornant à de vagues assurances pour l'avenir. Le Premier ministre grec a bien compris le message et a remercié l'Union européenne pour l'aide « psychologique » qu'elle lui apportait.

Pour Sarkozy, Merkel, Trichet, etc., les responsables de la crise sont les gouvernements grecs eux-mêmes qui auraient « triché ». Mais les déficits et les dettes des États français et allemand sont autrement plus conséquents que ceux de la Grèce et ces deux grands États ne respectent pas plus les critères de « bonne gestion européenne » (pas plus de 3 % de déficit, une dette publique inférieure à 60 % du produit intérieur brut) que la petite Grèce ! Et c'est pour les mêmes raisons, c'est-à-dire les cadeaux multiples que tous les États font à leurs capitalistes. Quant à l'accusation de « dissimulation de dette » dont les vertueux dirigeants des grandes puissances taxent les ministres grecs, elle résulte d'opérations légales (au sens des financiers, bien entendu) pilotées par la respectable et richissime banque américaine Goldman Sachs. Cette dernière, pour la modique somme de 300 millions de dollars, avait inventé pour le compte de l'État grec un artifice permettant de sortir provisoirement une partie de la dette du budget. Il serait bien imprudent de dire qu'il n'y a rien de tel dans les comptes de l'État français ou de son compère allemand, et il est certain que ceux des grands groupes financiers sont truffés de ce genre de montages.

L'État grec est donc sommé de pressurer rapidement et fortement la population pour trouver les 18 milliards d'euros qu'il doit payer immédiatement et les 53 milliards qu'il lui faudra débourser dans l'année pour payer ses dettes. Pour le reste, l'Union européenne espère que ses déclarations de bonnes intentions suffiront à calmer la spéculation. D'après ces fins politiques, le vague affiché de leurs résolutions doit empêcher les spéculateurs de spéculer, faute de certitudes...

Mais les gérants du capital financier savent si bien que leurs manoeuvres peuvent avoir des conséquences catastrophiques qu'ils parient sur la faillite de la Grèce, avant de parier sur celle de l'Espagne, voire sur l'éclatement de la zone euro et un nouveau développement de la crise mondiale. Peu leur importe, du moment que le profit est immédiat et conséquent.

Non seulement les gouvernements, en particulier ceux des pays les plus puissants, ne veulent rien faire pour arrêter cela, mais ils le favorisent. Car les banquiers spéculent avec les capitaux gracieusement offerts par les États pour les renflouer à l'automne 2008 et depuis.

Pour Sarkozy, Merkel et autres, parler d' « assainir » le système financier, c'est prétendre transformer une porcherie en chalet de montagne sans en faire sortir les cochons.

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