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- Lutte ouvrière n°2168
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Fermoba - Saint-Doulchard (Cher) : 90 licenciements qui passent mal
L'usine Fermoba à Saint-Doulchard, qui fabrique des huisseries en PVC, comptait 213 emplois avant que ne tombent les 90 licenciements. C'est il y a un mois que les travailleurs de l'usine, appartenant au groupe financier Arbel lui-même en banqueroute, apprenaient que celle-ci allait être rachetée par un fonds d'investissement, le groupe Verdoso, spécialisé dans le rachat d'entreprises en difficulté. En même temps, l'administrateur judiciaire annonçait que ce rachat impliquait 90 licenciements.
Vendredi 5 février, les ouvriers attendaient la liste définitive des licenciés. Mais toujours pas de liste... il fallait encore attendre. La colère est alors montée, ils ont décidé de bloquer l'usine et de l'occuper le week-end. Les responsables des syndicats CFDT et FO, majoritaires dans l'entreprise, traînant les pieds depuis le début, ce sont les ouvriers qui ont organisé les piquets de grève et l'occupation jour et nuit.
Au fur et à mesure, les discussions changèrent de ton : « On a été trop gentils, on ne va pas se laisser jeter sans rien dire. C'est 30 000 euros net de prime pour chaque licencié qu'il faut. Et le paiement immédiat des salaires de janvier, toujours pas versés. »
En assemblée générale, les grévistes décidèrent une manifestation à Bourges le vendredi 12 février. Sur les pancartes, on pouvait lire : « Fermoba escroc, on veut nos sous. » Et c'est à 120 que, bruyamment, ils se dirigèrent vers la mairie puis la préfecture.
À ce jour, que ce soit le préfet, le nouveau patron ou l'administrateur judiciaire, tous font la sourde oreille aux revendications avancées. Seule la paie de janvier a enfin été payée. Pourtant, de l'argent en circulation, il y en a, et beaucoup. Ainsi Verdoso a racheté l'usine pour 300 000 euros, alors que sa valeur a été estimée à 8 milliards d'euros. Quant au groupe Arbel, entre 2004 et 2009, il a touché 65 millions d'euros d'aides directes ou indirectes de l'État.
Lundi 15 février, syndicats et direction organisaient un vote à bulletins secrets sur la levée du blocage de l'usine, uniquement auprès des ouvriers licenciés. L'après-midi, la production reprenait. Au moins, cette grève a permis de voir à qui on pouvait faire confiance. Il y avait, d'un côté, tous ceux qui étaient pressés de nous faire reprendre le travail dans des conditions encore plus dégradées et de se débarrasser au plus vite et à bas prix des 90 licenciés. De l'autre, des camarades de travail qui se sont retrouvés au coude à coude pour imposer leur solidarité et faire respecter leur dignité d'ouvriers.