PCA Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) : Deux accidents qui ne doivent rien au hasard17/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2168.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PCA Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) : Deux accidents qui ne doivent rien au hasard

Deux accidents graves ont eu lieu presque simultanément jeudi 11 février à l'usine où sont fabriquées les C3 Citroën.

Vers 17 h 30 dans l'atelier Ferrage, où sont assemblées les pièces de carrosserie, un ouvrier a été renversé par le chargement d'un car à fourches alors qu'il traversait une allée. Un peu plus d'une heure plus tard, dans l'atelier Montage cette fois, un ouvrier était lui aussi renversé par un car à fourches. L'engin lui a roulé sur la jambe. Les deux ouvriers ont été conduits à l'hôpital. Le premier est ressorti quelques heures plus tard avec une minerve. Le deuxième a été opéré le lendemain. Heureusement le tibia n'a pas été cassé et les tendons n'ont pas été arrachés.

Rapidement, au Montage, l'émotion a fait place à la colère. L'ouvrier accidenté était moniteur sur la ligne « habillage porte ». Normalement un moniteur est censé aider cinq ou six ouvriers postés sur chaîne. Mais lui devait s'occuper de neuf postes, de plus séparés par une allée où les passages de caristes sont nombreux. Il était en danger permanent et avait alerté la direction du Montage à de nombreuses reprises. La veille encore il en parlait à son contremaître. Mais rien n'avait été fait.

Après l'accident, les 40 ouvriers de sa chaîne n'ont pas voulu reprendre le travail. Ils ont été rejoints par plusieurs dizaines d'autres ouvriers. Le Montage étant alors totalement arrêté, les ouvriers ont pu parler entre eux : pour tous, il est clair que la responsabilité de la direction est écrasante et que ces deux accidents ne sont pas une coïncidence. Ils sont la conséquence logique de la course à la rentabilité et de la dégradation des conditions de travail qui en résulte. Partout PSA réduit les effectifs, remplace les CDI par des précaires, compacte les usines pour limiter les déplacements. Résultat : les ouvriers travaillent dans la hâte, dans des espaces de plus en plus réduits et de moins en moins sécurisés.

C'est la réaction des ouvriers, bien plus que l'accident en lui-même, qui inquiète la direction. Et c'est sans doute cette mobilisation qui a amené le numéro 2 du groupe PSA, Guillaume Faury, à venir le 15 février au matin à Aulnay pour dire que « de tels accidents sont intolérables et c'est une question de responsabilité collective que cela ne se reproduise pas ». Mais il ne propose comme solution que le respect des consignes de sécurité, rien sur l'organisation de la production.

Il va cependant avoir du mal à convaincre. Comme l'a très bien dit un ouvrier du Montage, c'est la direction et elle seule qui est « collectivement responsable » de ces accidents.

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