Philips EGP - Dreux : Un cynisme patronal sans bornes17/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2168.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Philips EGP - Dreux : Un cynisme patronal sans bornes

C'est samedi 13 février, par courrier reçu à leur domicile, que les travailleurs de Philips ont appris qu'ils ne devaient pas revenir à l'usine le lundi 15. Depuis plusieurs mois la direction avait annoncé qu'elle comptait fermer son usine d'assemblage de téléviseurs, mais le vendredi 12 février... elle n'avait encore prévenu aucun salarié de la fermeture imminente du site et un certain nombre d'entre eux avaient laissé leurs affaires personnelles au travail.

Plus cynique encore, la direction leur propose des « reclassements »... en Hongrie, où une partie de la production de l'usine de Dreux a été progressivement délocalisée, en CDI à 450 euros par mois et à condition de parler le hongrois ! Laurence Parisot, la dirigeante du Medef, a aussitôt soutenu la direction de Philips en estimant que c'est la « conséquence de l'absurdité de notre droit du travail, qui oblige l'employeur à formuler ce type de proposition ». C'est bien plutôt la conséquence de la soif inextinguible de profit de Philips. Car ce trust international, qui a encore dégagé des profits en 2009 et vient tout juste d'annoncer qu'il allait racheter une entreprise d'éclairage en Italie, a largement les moyens de ne pas jeter à la rue les 212 salariés drouais.

En réalité la fermeture de l'usine drouaise n'est nullement due à un manque de rentabilité ou à la crise, comme le prétend la direction. Elle fait partie d'une stratégie délibérée et programmée depuis longtemps pour augmenter toujours plus ses profits. Plusieurs plans de licenciement se sont ainsi succédé à Dreux depuis 1997. Le dernier en date a eu lieu en 2008 et il concernait 278 travailleurs. À cette occasion Philips s'était déjà montré un « patron voyou ». Le 23 juin 2009, le tribunal administratif l'avait même condamné, estimant que l'entreprise avait intentionnellement redéfini son périmètre d'activité pour prétexter des licenciements économiques. En effet le groupe Philips est traditionnellement divisé en trois secteurs (éclairage, matériel médical et électronique grand public) qui sont chacun largement bénéficiaires. Mais il a volontairement isolé la production de téléviseurs... afin de prétendre que l'activité n'était pas rentable.

Il faut aussi ajouter que, pendant toute cette période, alors que Philips continuait à licencier, il a touché des subventions et des aides de toutes parts : Conseil régional (dirigé par la gauche), Conseil général et ville de Dreux (dirigés par l'UMP), État et même Europe. Et Philips a tout empoché sans que cela l'empêche de contribuer au drame social que connaît la ville. Il y a quinze ans, Philips employait en effet près de 3 000 salariés sur ses deux sites drouais. Avec la fermeture des principales autres usines de la ville (Valeo, ex-Renault, en 2003, puis Perfect Circle en 2005, Rosi-Arvin Meritor en 2008 et les transports Delisle en ce moment), Dreux est aujourd'hui devenu une ville sinistrée, où la population laborieuse s'enfonce dans la misère et le désarroi.

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