Réfugiés kurdes : La démagogie du gouvernement n'empêchera pas l'immigration clandestine30/01/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2165.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Réfugiés kurdes : La démagogie du gouvernement n'empêchera pas l'immigration clandestine

La plupart des 123 réfugiés kurdes débarqués sur une plage en Corse, dans la nuit du 21 au 22 janvier, ont été libérés des centres de rétention où ils avaient été dispersés sur injonction ministérielle. Les juges des libertés ont considéré comme illégal leur placement d'office.

Ce placement avait été d'autant plus ignominieux que l'on y dispose de cinq jours seulement - et non de 21 - pour déposer son dossier de demande d'asile. Toute possibilité d'être entendu par la Cour nationale du droit d'asile est refusée, en cas de rejet du dossier.

Autant dire que, pour les 123 réfugiés, le centre de rétention était, avant tout examen de leurs dossiers, l'antichambre de l'expulsion. C'est évidemment le message que le ministre de l'Immigration a voulu faire parvenir, non pas aux réfugiés eux- mêmes, mais à l'électorat le plus à droite du pays, auquel le gouvernement fait les yeux doux depuis des mois en multipliant les prises de position de fermeté contre les immigrés sans papiers.

D'ailleurs, dès l'annonce de la découverte des réfugiés kurdes en Corse, Besson y était allé de la démagogie dont il est coutumier, réclamant de l'Union européenne un « sommet de crise » réunissant les ministres en charge de l'immigration des pays méditerranéens, de l'Allemagne et du Royaume-Uni, et exigeant la généralisation de patrouilles maritimes conjointes ainsi que le déploiement de renforts. « Il faut une protection renforcée de l'Europe. Il est normal que l'espace Schengen soit un espace protégé », a conclu Besson.

Parmi les 123 réfugiés kurdes, on compte cinq femmes enceintes et trente-huit enfants. Les réfugiés ont déclaré venir de Syrie, notamment de Qamichli, où des émeutes en 2004 ont aggravé les conditions d'existence de la communauté kurde. En 2009, l'organisation Human Rigths Watch a dénoncé une répression. Voilà contre qui Besson veut protéger l'espace Schengen et donc la France. Mais en fait rien, ni les patrouilles militaires, ni les contrôles renforcés, pas plus qu'aucun mur ou barbelé, ne pourra empêcher des milliers de femmes, d'hommes ou d'enfants de fuir la misère, les exactions de leur gouvernement ou les guerres, pour tenter de se réfugier de ce côté de la Méditerranée. Et ce n'est finalement que justice, car les pays d'où viennent ces réfugiés sont bien souvent des anciennes colonies de puissances européennes, qui y ont exacerbé les différences religieuses ou ethniques pour maintenir leur domination. C'est en particulier le cas de la France en Syrie.

Alors, on ne peut que se réjouir que les juges des libertés aient désavoué les discours et les actes démagogiques de Besson.

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