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- Lutte ouvrière n°2165
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Leur société
Qui sont les « esclavagistes » ?
Parlant des familles de Kurdes sans papiers débarqués en Corse, Sarkozy a, après Besson, fustigé « des esclavagistes, des assassins qui utilisent la misère humaine ». Ils désignaient ainsi les réseaux de passeurs, des mafieux, sans scrupules mais loin d'égaler leurs maîtres dans la barbarie et l'ignominie que sont les « respectables » gouvernements des pays riches.
L'histoire du capitalisme est celle du déplacement de populations misérables vers les lieux où le capital pourrait les exploiter. Cela a commencé avec la déportation forcée de millions d'Africains réduits en esclavage dans les plantations du continent américain, avec les dizaines de millions de ruraux européens contraints par la misère à aller se tuer au travail dans les villes industrielles, avec les dizaines de millions d'autres embarquant dans les soutes des navires d'émigrants pour rejoindre les États-Unis.
Plus récemment, il y a cinquante ans, les grandes entreprises européennes, françaises en particulier, affrétaient cars et recruteurs pour aller chercher leur main-d'oeuvre dans les villages du Maroc ou de Turquie. Et aujourd'hui la croissance de l'économie chinoise a été fondée sur le déplacement de dizaines de millions de paysans misérables vers les zones industrielles où ils trouvent à louer leurs bras.
Par les armes ou par la faim, depuis des siècles, le capital a poussé des millions d'hommes et de femmes vers les centres de production. Les esclavagistes, au sens propre comme au sens figuré, les profiteurs et les organisateurs de la migration des travailleurs pauvres, ce sont les dynasties bourgeoises, depuis celles qui ont fait fortune dans le commerce triangulaire, c'est-à-dire dans le sinistre transport négrier, jusqu'à celles qui ont investi dans les usines chinoises. Alors, il ne faudrait pas que l'arbre cache la forêt, et que de minables mafieux masquent la responsabilité d'un système dont ils ne sont que de petits parasites.