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Dans les entreprises
RATP : Une souffrance au travail causée par la direction
Les pressions constantes de toutes sortes imposées par les directions et leur encadrement sont aujourd'hui douloureusement vécues dans bien des entreprises, y compris celles du secteur public.
À la RATP, il y a eu ces derniers mois trois suicides d'agents. Tous travaillaient sur la ligne 6 du métro, Nation-Dauphine par Denfert. Simple coïncidence ? Depuis la grève de 2007 sur les retraites, l'ambiance sur cette ligne est exécrable. L'acharnement de la direction vis-à-vis de deux conducteurs, accusés d'avoir actionné durant le mouvement une barrette d'alarme, dont le premier a été révoqué et le second frappé de trois mois de mise à pied, est à cet égard symptomatique.
Le premier suicide a touché un agent de station malade de l'alcoolisme. Celui-ci, au lieu d'être dirigé vers la médecine comme cela pouvait se faire auparavant, a reçu une convocation pour sanction « pouvant aller jusqu'à la révocation ». Il a mis fin à ses jours la veille de l'entretien. Les deux autres suicides, ceux d'un conducteur et d'un chef de départ, se sont produits en décembre, à quelques jours d'intervalle. Ces deux agents auraient mal vécu un départ en retraite précipité.
Même si l'on ne peut pas forcément invoquer une cause directe à ces suicides, on peut néanmoins affirmer que les restructurations menées à tout va et ayant comme seul objectif la recherche d'une productivité maximum, sans égard pour les agents, ne sont pas sans conséquence.
C'est dans tous les domaines que la direction impose ces restructurations, même dans ceux qui ne sont pas directement liés au travail. Ainsi certains travailleurs en arrêt maladie sont aujourd'hui soumis au régime spécial dit de « suivi médical encadré », qui les oblige dès le lendemain de leur arrêt à prendre les transports et à venir faire la queue avec d'autres malades au centre de Championnet, dans le 18e arrondissement de Paris, pour se faire confirmer leur arrêt par un médecin maison. Quant aux agents mis en inaptitude, ils étaient auparavant versés sur un autre poste prévu à cet effet. Aujourd'hui ces postes ont été réduits, et il n'est pas rare de voir des agents faire leur temps de présence assis seuls dans une salle de cafétéria à ne rien faire.
Ces attitudes voulues par la direction soumettent les agents à des vexations permanentes, qui fragilisent plus encore les personnes supportant déjà difficilement les vicissitudes de la vie. D'ailleurs, cela fait un certain temps que la médecine du travail, dans ses rapports annuels, pointe du doigt cette souffrance vécue par les agents.
À la RATP, la déshumanisation n'est pas seulement visible sur les quais, qui au fil du temps ont été vidés de la présence des agents. Elle est aussi vécue de l'intérieur par les travailleurs eux-mêmes.