Etats-Unis : Emplois disparus... Il va falloir que ça change !30/01/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2165.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Etats-Unis : Emplois disparus... Il va falloir que ça change !

Les militants trotskystes américains qui publient le bimensuel The Spark reviennent ci-dessous sur les chiffres du chômage.

Avec leur double langage habituel, les représentants du gouvernement ont déclaré que la situation de l'emploi est « stabilisée ». Ils se basent sur le fait que le taux de chômage n'aurait pas grimpé en décembre dernier ! Ils osent dire cela sans frémir, en dépit de la perte d'emplois évidente subie par le « marché de l'emploi ».

D'où vient ce miracle statistique ?

Les statisticiens du gouvernement mettent de côté les 661 000 personnes supplémentaires qui n'ont pas cherché d'emploi le mois dernier. Ils n'ont pas pris en compte le fait qu'il y a très peu d'emplois disponibles. Officiellement, il y a six demandeurs pour chaque offre d'emploi. Beaucoup de chômeurs sont découragés et n'ont pas consulté les offres d'emploi du mois dernier, et du même coup ils ne sont pas comptés comme demandeurs d'emploi.

Avec de tels tours de passe-passe, le gouvernement peut faire disparaître ce qu'il veut, et souvent il y parvient. (...)

Le chômage stabilisé ? Quelle blague !

Dans la période de 21 mois depuis que la récession a officiellement démarré, les employeurs ont supprimé huit millions d'emplois. Si l'on tient compte de l'accroissement du nombre de travailleurs disponibles, il aurait fallu créer cinq millions d'emplois de plus. En d'autres termes, juste pour revenir au niveau de décembre 2007, qui n'était déjà pas une très bonne année, les employeurs d'aujourd'hui auraient dû créer 13 millions d'emplois supplémentaires.

La Réserve fédérale a reconnu cette réalité quand elle a récemment admis que le marché de l'emploi ne s'améliorerait pas de sitôt. La Fed a oublié d'expliquer pourquoi, cependant cette banque au service des patrons sait fort bien ce qu'il en est.

Que la production augmente ou pas, la situation de l'emploi ne s'améliorera pas, aussi longtemps que les patrons seront capables de faire pression pour obtenir plus de production avec encore moins de travailleurs. Au cours du troisième trimestre de 2009, l'intensification du travail a été si forte que le taux de productivité a augmenté d'un étonnant 8,1 % !

Les patrons sont en train d'utiliser la crise qu'ils ont eux-mêmes créée en se servant de la menace du chômage pour faire que chacun travaille plus dur, plus longtemps et pour moins d'argent, c'est-à-dire pour réorganiser le travail à leur propre profit. (...)

Business Week, le magazine du patronat, considère que la tendance du futur sera faite de « travailleurs à disposition ». Selon ce magazine, les patrons veulent « des forces de travail disponibles au moment voulu, qu'on peut utiliser ou pas, comme un robinet ».

Les patrons n'ont pas été aussi féroces dans la réorganisation du travail depuis le début des années trente. Comme alors, ils se servent d'une crise sévère pour faire progresser ce qu'ils ont toujours fait : prendre une part plus grande de la richesse produite, creusant ainsi le fossé entre les très riches et les autres.

Au milieu des années trente, les patrons découvrirent rapidement comment de tels calculs peuvent entraîner des retours de manivelle, avec les travailleurs s'emparant des usines, avec les chômeurs occupant les rues, avec les voisins refusant de laisser expulser leurs amis de leur maison. Tout cela finit par déclencher une explosion sociale, qui se poursuivit pendant les années suivantes.

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