N'est-il pas choquant qu'Henri Proglio ait été placé officiellement par le gouvernement à la tête d'EDF, entreprise publique, alors qu'il présidait déjà Veolia, société privée ? Sarkozy a balayé la question du revers de la main, indiquant que Proglio portait déjà cette double casquette depuis de nombreuses années, même si le commun des téléspectateurs l'ignorait. Sarkozy aurait pu ajouter que le président de La Poste, Bailly, est membre du conseil d'administration d'un groupe privé de l'hôtellerie et de la restauration, Accor. Cela fait belle lurette que la logique folle de la rentabilité financière est devenue une véritable pandémie qui infeste tous les secteurs, y compris les services publics.

Contrairement aux allégations de Sarkozy, les dirigeants d'un groupe comme Veolia ne représentent évidemment pas les intérêts des salariés, pas plus qu'ils défendent ceux des usagers là où les collectivités locales ont confié à Veolia la distribution d'eau, les transports en commun, les ordures ménagères ou le chauffage s'il est traité par Dalkia, filiale commune avec EDF. Veolia, tout comme son concurrent Suez, fait payer les usagers au prix fort, directement et par le biais des impôts locaux. La réussite d'un PDG de Veolia, devant laquelle se pâme Sarkozy, est celle d'un vaste racket au profit des actionnaires, et c'est pour cela qu'un PDG comme Proglio est grassement récompensé.

Pourtant, s'il existe une alimentation en eau et en électricité, c'est grâce à l'activité des travailleurs, et il serait donc tout à fait normal qu'ils contrôlent collectivement non seulement les rémunérations des dirigeants, mais l'ensemble des comptes de grandes sociétés comme EDF ou Veolia. Comme il serait normal que la population, pour laquelle les factures d'eau et d'électricité représentent une charge importante, participe à un tel contrôle.