Réformer les retraites : Le choix du patronat30/01/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2165.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Réformer les retraites : Le choix du patronat

Sarkozy l'a clamé haut et fort lors de son intervention télévisée de lundi soir : la réforme du système des retraites « concernera tout le monde », aussi bien les salariés du privé que du public, et il agira « avant la fin de l'année ». Il a promis de garantir « la pérennité du régime de retraite », et de conserver la retraite par répartition, assurant qu'il n'était pas question de « diminuer la somme des pensions de retraite ». Il ment. Car tout son problème, justement, est de faire accepter par tous la diminution des retraites.

En fait, Sarkozy continue sur la même lancée que tous les gouvernements depuis vingt ans : faire croire que les retraités coûtent trop cher à la société, qu'objectivement il faudrait changer le système parce qu'il ne serait pas viable, qu'il y aurait un gros « problème des retraites ». En partant de faits évidents, comme l'augmentation de l'espérance de vie ou la diminution du nombre d'actifs par rapport aux inactifs (mais en omettant de parler de la formidable augmentation de la productivité du travail), Sarkozy et ses acolytes veulent faire accepter comme une conséquence inéluctable ce qui n'est que leur choix : faire payer la crise aux retraités, de la même manière qu'aux salariés.

Le rapport du Conseil d'orientation des retraites, le COR, chargé par le gouvernement de donner son avis mercredi 27 janvier, va évidemment dans le même sens, en invoquant le déficit croissant des régimes de retraite, alors que celui-ci est causé principalement par la crise, le poids du chômage, c'est-à-dire par la politique patronale.

C'est une entreprise de bourrage de crâne qui se déroule maintenant depuis une vingtaine d'années. Le gouvernement, fidèle à ses engagements propatronaux, veut nous faire croire qu'on va à la catastrophe, et il veut nous faire accepter une nouvelle régression.

En réalité, celle-ci a commencé il y a longtemps : le passage des dix meilleures années à vingt-cinq pour calculer la base de sa retraite dans le privé, l'allongement du nombre de trimestres pour avoir sa retraite entière, dans le public comme dans le privé, la diminution de la revalorisation des retraites, en les basant sur les prix et non sur les salaires, toutes ces mesures, et bien d'autres, ont profondément fait régresser le niveau des retraites. Et il n'a pas été besoin de faire appel à la casse du système par répartition, ou de diminuer « officiellement » le montant des retraites, pour aboutir à ce résultat. D'autant que l'essentiel du monde politique et syndical raisonne de la même manière que Sarkozy, en parlant de réformes nécessaires, ou du sauvetage du système français de retraite.

En fait pour les retraites, comme dans tous les problèmes cruciaux, c'est un problème de choix. La question qu'il faudrait se poser est celle de la répartition des richesses créées, entre les actionnaires des grandes sociétés d'un côté et le monde du travail de l'autre. Entre les patrons parasites d'un côté, les salariés, les chômeurs et les retraités de l'autre.

L'accroissement ininterrompu de la productivité devrait bénéficier à toute la population : ceux qui travaillent devraient travailler moins dur, et toute la population, actifs comme inactifs, devrait voir son niveau de vie s'élever.

Pourquoi le progrès, les nouvelles richesses créées ne profitent-ils qu'à une caste de profiteurs, et jamais aux retraités ? Parce que c'est le choix des exploiteurs, et pas parce que c'est inéluctable.

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