Burqa : Réagir contre l'oppression des femmes30/01/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2165.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Burqa : Réagir contre l'oppression des femmes

La mission parlementaire sur le port du voile intégral a rendu son rapport, qui préconise le vote d'une résolution condamnant le port de la burqa ainsi qu'une loi interdisant de « dissimuler son visage » dans les services publics (administrations, hôpitaux, sorties d'écoles, transports...). Et de fait, cela ne semble pas une mesure extraordinaire que de demander à quelqu'un d'entrer dans des services publics à visage découvert. Même les banques obligent leurs clients à le faire !

C'est André Gerin, député-maire communiste de Vénissieux, qui est à l'origine de cette enquête, alarmé par la multiplication des porteuses de ce voile intégral qu'il considère comme « la partie visible de cette marée noire de l'intégrisme fondamentaliste », un courant politico-religieux particulièrement réactionnaire, certes marginal, mais qui existe au sein de la communauté musulmane. L'établissement de cette commission date de juin dernier, mais son travail s'est déroulé dans un contexte faussé par le débat imbécile et démagogique d'un Besson sur l'identité nationale, qui n'a fait que cristalliser les positions autour de l'immigration, alors que le problème n'est absolument pas là.

À un niveau bien pire que le voile, la burqa est un instrument d'oppression des femmes, une épouvantable prison, le signe de leur asservissement à une vision réactionnaire, machiste, d'une société décidée à les écraser sous le poids des préjugés religieux. Certes, celles qui ont témoigné devant la commission ont insisté sur le fait qu'elles avaient librement choisi leur sort. Si c'est vrai, tant pis pour elles. Le fait que des esclaves revendiquent leur sort ne justifie en rien l'esclavage.

Et le problème, ce sont toutes les autres, celles qui ne veulent pas mettre le voile ou celles qui le mettent contraintes et forcées et qui, lorsqu'elles veulent revenir en arrière, doivent affronter la violence psychologique et même physique de leur entourage. C'est ce qu'a raconté une jeune femme venue demander de l'aide à l'organisation Ni putes ni soumises, et qui voulait fuir la violence d'un mari pour qui « le paradis d'une femme est sous les pieds de son époux ». La présidente de Ni putes ni soumises a d'ailleurs confirmé que, « sous le voile, il y a souvent les coups », invisibles évidemment, car « le niqab est le piège total, l'exclusion ultime d'une femme qui disparaît aux yeux du monde ».

Certains prétendent que le port de la burqa reste marginal. Mais le problème n'est pas tant le nombre que son augmentation, témoignant, comme le dit le rapport, « des conditions de vie dégradées dans certains de nos quartiers ». C'est la misère matérielle et morale croissante qui renforce l'exclusion et le pouvoir des militants religieux réactionnaires sur une communauté. Ceux dont il s'agit, en l'occurrence, sont islamistes salafistes, mais leur mépris des femmes, considérées comme des reproductrices qu'on doit confiner aux tâches domestiques et familiales, est partagé par bien d'autres intégristes, juifs ou chrétiens.

Aucun texte législatif ne pourra supprimer les conditions sociales qui favorisent la propagande intégriste. Mais s'opposer à la burqa, c'est défendre la liberté des femmes, être aux côtés de celles qui se battent pour ne pas être esclaves. C'est un combat politique à mener contre la réaction. C'est indispensable pour elles, pour nous, pour tous ceux qui militent pour l'égalité des hommes et des femmes et pour une société où on respecte le droit de chacun à la dignité.

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