Haïti : Le désastre était annoncé30/01/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2165.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Haïti : Le désastre était annoncé

À Haïti, depuis longtemps des géologues, ingénieurs et autres spécialistes sonnaient l'alerte.

Pour ne citer que les alertes les plus récentes, en septembre 2008, après que la terre eut tremblé à plusieurs reprises, un professeur de géologie écrivait : « En 1751 et en 1771, cette ville a été complètement détruite par un séisme et je parie mes yeux que cela se reproduira. Toutes les conditions sont réunies pour qu'un séisme majeur se produise à Port-au-Prince. Les habitants de la capitale haïtienne doivent se préparer à ce scénario qui finira, tôt ou tard, par arriver. » Et le directeur du Bureau des mines confirmait alors : « Ces secousses mineures sont inquiétantes. Elles annoncent généralement des secousses de plus forte intensité. »

Au mois de mars dernier, lors d'une conférence, après avoir rappelé les tremblements de terre qui, du 16e au 19e siècle, ont lourdement frappé l'île, un géologue haïtien mettait en garde : « On doit s'attendre, disait-il, à ce qu'un séisme se reproduise dans le futur et à n'importe quel moment. De même qu'il y avait eu de grands dégâts à l'époque, on doit s'attendre au pire aujourd'hui en raison de notre condition environnementale alarmante. Nous devons, par conséquent, penser aux impacts de cette menace sur la population, sur les infrastructures routières, hydrauliques et électriques, et poser des actions pour au moins diminuer notre vulnérabilité et limiter les dégâts. »

C'est en 1910 que Wegener émit l'idée de la dérive des continents. Depuis, on sait que les plaques continentales se déplacent, que ces mouvements conduisent à des fractures, des failles, entre les plaques qui s'affrontent, et que c'est là la cause de la plupart des tremblements de terre. On connaît le tracé des plaques, la cartographie des failles, notamment celle sur laquelle se situe Port-au-Prince. On sait parfaitement construire selon des normes antisismiques, afin que les bâtiments ne s'effondrent pas sous l'effet des secousses. Et on le fait... au Japon et en Californie, mais pas à Haïti.

La date du 12 janvier ne pouvait peut-être pas être prédite, mais le séisme et ses conséquences dramatiques étaient, eux, totalement prévisibles.

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