CTM Guadeloupe : Succès de la grève25/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1786.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

CTM Guadeloupe : Succès de la grève

En Guadeloupe, après quatre semaines de grève et de mobilisation, après une première grève de plus de 21 jours en décembre 2001, les travailleurs de la CTM (Centrale Thermique du Moule) ont obtenu satisfaction. Ils ont obtenu le nouveau statut des IEG (industries électriques et gazières), le paiement intégral des jours de grève et la levée de toutes les poursuites judiciaires.

A la revendication du statut des IEG, leur patron rétorquait qu ils ne produisaient pas d'électricité, mais de la vapeur. Cette centrale de 34 ouvriers (dont une quinzaine était en grève effective) qui fonctionne à partir de la bagasse (résidu de la canne à sucre), et en cas de manque, avec du charbon, produit de la vapeur qui est immédiatement transformée en électricité. A tel point qu'elle alimente plus de 30 % du réseau électrique de l'île. Bien que deux ministres de l'Énergie de deux gouvernements successifs, celui de Jospin et celui de Raffarin, aient déjà reconnu le droit des travailleurs à obtenir le statut des IEG, le patron de la CTM s'obstinait dans son refus. Le ministre Nicole Fontaine avait publiquement reconnu une deuxième fois, récemment, ce droit aux travailleurs.

En effet la loi était formelle. Quelque temps avant, la directrice de la demande des marchés énergétiques confirmait : " La loi de nationalisation du 8 avril 1946 a clairement affirmé son intention que le statut national du personnel soit appliqué à tout le personnel de l'industrie électrique et gazière définie à partir des activités exercées. En permettant à de nouveaux producteurs d'être sur le marché de l'électricité, la loi électrique du 10 février 2000 n'a pas remis en cause ce principe de l'universalité du statut qui a de même été conforté par des déclarations gouvernementales ultérieures. "

Malgré ce droit reconnu, il aura fallu deux grèves, avec de larges coupures de courant privant d'électricité plus de 30 000 foyers, pour que le patron finisse tout simplement par appliquer la loi. Il aura fallu des manifestations, plusieurs mobilisations avec des travailleurs d autres entreprises venus soutenir leurs camarades de la CTM, la mobilisation de la confédération CGTG, de multiples explications publiques par voie de tracts, des visites de grévistes aux autres entreprises, un débrayage à l'usine à sucre voisine de Gardel, des conférences de presse des grévistes, pour que le patron finisse par céder. Ensuite, il a fallu que les grévistes montrent encore leur détermination à ne pas céder d'un iota pour que ce patron accepte de payer les jours de grève et de lever toutes les sanctions et poursuites pour fait de grève. Car sur ces derniers points il ne voulait pas céder, alors qu'il était le seul responsable de la non-application d'une loi. C est donc la détermination sans faille des grévistes avec le soutien de la population qui a fait céder ce patron.

Mais évidemment, ni la grande presse, ni le lobby patronal et anti-grève n'ont cette fois osé s exprimer pour condamner l'attitude du patron de la CTM. Eux qui d'habitude ne cessent d'incriminer les grévistes ou les syndicats en cas de grève, soi-disant source de tous les maux (baisse du tourisme, faiblesse de l'économie, prise en otage de la population, etc.), se sont tus cette fois. Personne à part les grévistes n'a élevé la voix pour condamner l'attitude du patron de la CTM. Ceux qui ont soudainement perdu la parole étaient évidemment solidaires du patron de la CTM. C'était un des leurs.

En tout cas, si le patron avait voulu tester la combativité des ouvriers, il est servi. Et c'est donc légitimement fiers de leur succès que les ouvriers ont repris le travail en fin de semaine.

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