Irak : Saddam Hussein amnistie... ceux qu'il n'a pas liquidés25/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1786.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : Saddam Hussein amnistie... ceux qu'il n'a pas liquidés

Saddam Hussein a annoncé dimanche 20 octobre une amnistie générale pour les Irakiens détenus et condamnés, y compris pour raisons politiques.

Les médias ont montré ou décrit la ruée des familles de détenus se précipitant vers les prisons pour s'assurer de la libération de leurs proches et même pour l'accélérer. D'après Libération, la prison d'Abu Ghraïb, au nord-ouest de Bagdad, se serait totalement vidée de ses prisonniers, y compris de ceux qui, condamnés pour meurtre ou pour espionnage au profit d'Israël, n'étaient pas inclus dans l'amnistie. Et le même scénario se serait répété ailleurs : un ministre irakien affirme qu'il ne reste plus un seul prisonnier sur l'ensemble du territoire.

Saddam Hussein dit avoir pris cette décision en considération de l'attitude du peuple irakien lors du référendum. Un résultat aussi exceptionnel qu'une réélection à 100 % mérite bien une mesure d'amnistie aussi extraordinaire ! Il n'est sûrement pas inutile non plus de tenter de resserrer les rangs autour du chef, en prévision de l'affrontement avec les États-Unis. Les chaînes de télévision irakiennes ont d'ailleurs montré des prisonniers disant à Saddam Hussein : " Par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifions pour toi ".

Cela dit, même si les libérations ont été très visibles, les partis d'opposition clandestins ou en exil restent très sceptiques sur la réalité de cette soudaine générosité de Saddam Hussein, qui peut revenir sur sa décision, de la même façon qu'il a fait exécuter ses deux gendres après leur avoir accordé son pardon et le droit de revenir en Irak. Le Parti Communiste Irakien, pour sa part, rappelle également que, pendant des décennies, le régime a nié l'existence de prisonniers politiques, qu'il en a massacré des milliers et que les survivants ont été maltraités et torturés.

Les premières années du régime de Saddam Hussein, très bien vu à l'époque par le gouvernement français et ses marchands d'armes, virent l'exécution de plus de 500 prisonniers politiques entre 1978 et 1982. Mais sans remonter aussi loin, on sait que Qousaï, le fils du dictateur et chef des services de sécurité spéciale, s'est fait une spécialité du " nettoyage des prisons " depuis la fin de 1997. Cette élimination systématique des prisonniers et détenus politiques condamnés à mort ou à une peine de plus de quinze ans aurait fait au moins 3 000 morts, d'après un rapport fait au congrès mondial contre la peine de mort en juin 2001. Le même rapport, à partir de témoignages de réfugiés irakiens, estime que, d'exécutions individuelles en élimination collective, dans les villages kurdes en particulier, " la répression dans l'ensemble du pays a coûté la vie à plus d'un million de personnes, sans compter les guerres, soit environ 5 % de la population depuis l'arrivée de Saddam au pouvoir ".

Voilà de quoi relativiser la clémence soudaine du régime de Saddam Hussein.

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