Air France : Privatisation en liste d'attente25/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1786.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : Privatisation en liste d'attente

Francis Mer, le ministre des Finances, a annoncé que le gouvernement repoussait de six à douze mois la poursuite de la " privatisation " d'Air France, dans l'attente que la conjoncture boursière redevienne meilleure.

Actuellement, l'État est majoritaire dans le capital d'Air France dont il détient 54 % des actions. Son objectif est de réduire sa participation à 20 %. Il n'abandonne pas ce projet. Ce n'est donc qu'un recul pour mieux sauter.

L'argument invoqué par le ministre est l'aveu que cette privatisation, comme les autres, n'a pas pour objectif d'améliorer, comme on voudrait nous le faire croire, tout à la fois le sort des salariés et le service rendu aux usagers. Elle revient à soumettre le sort des salariés et celui de la compagnie aux fluctuations boursières, c'est-à-dire aux appétits des groupes financiers, à leurs désirs de rentabiliser leurs investissements, et à rien d'autre. Pour rester dans le domaine du transport aérien, on n'a pas oublié le sort de Swissair et de ses employés, laissés sur le carreau, du seul fait que l'un de ses principaux actionnaires, le président du Medef, le baron Seillière, avait décidé de déplacer les capitaux qu'il détenait dans cette compagnie pour les placer ailleurs.

La privatisation d'Air France, tout comme d'autres, telle celle de France Télécom, aujourd'hui sous les projecteurs de l'actualité, n'est qu'une façon de transférer à la Bourse les pouvoirs de décision.

Le gouvernement attend que les actions boursières décollent, pour décider d'augmenter la part du privé dans le capital d'Air France. Il entend ainsi assurer une meilleure rentabilisation financière de cette opération, qui d'ailleurs risquerait d'échouer aujourd'hui, car les milieux financiers, eux, ne placent leur argent que quand ils ont des garanties suffisantes de lui voir faire des petits. Et puis Raffarin voudrait bien récupérer de l'argent frais, qu'il pourrait ensuite redistribuer au patronat.

Cette visée à court terme est tout, sauf une garantie pour l'avenir des employés d'Air France. Pas plus qu'elle n'est l'assurance que le service des usagers sera meilleur. Car au premier trou d'air boursier, et l'un et l'autre seront les premiers à en subir les effets.

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