Les intermittents du spectacle sont descendus dans la rue lundi 21 octobre. Nous étions environ 10 000 à Paris et plusieurs défilés en province. Nous demandons la pérennisation de notre statut, régime spécial d'allocation chômage destiné à l'origine aux salariés du " spectacle vivant ", comédiens, musiciens, danseurs, mais aussi aux machinistes, éclairagistes, maquilleuses, qui ne sont pas sur scène mais dont le travail est indispensable aux représentations. Nous travaillons en CDD de quelques jours à plusieurs mois, le temps de répéter et de donner le spectacle, une ou plusieurs fois, par exemple lors de tournées. Ce statut est aussi accordé aux acteurs et techniciens du cinéma. Les tournages de film sont aussi épisodiques, et ces salariés, comme ceux du spectacle vivant, peuvent bénéficier du statut qui leur assure, entre deux périodes de travail, des allocations chômage plus confortables que celles qu'ils auraient en régime normal.

Ces dernières années, le nombre d'intermittents du spectacle s'est considérablement accru : comme partout, le patronat a un goût prononcé pour le travail précaire. Les grosses structures comme le Théâtre du Châtelet fonctionnent avec un pool d'intermittents qui sont repris à chaque nouvelle production. Et surtout le " boom " des intermittents correspond au développement récent du secteur de l'audiovisuel. Les chaînes de télévision comme ARTE envoient en reportage des cameramen " intermittents du spectacle ". Le tournage des séries télévisées se fait par le même biais. Il va de soi que les chaînes et les gros producteurs de programmes télé auraient tout à fait les moyens d'embaucher des équipes en CDI, en leur assurant la sécurité de l'emploi et des revenus au moins semblables à ceux qu'ils touchent actuellement en cumulant les salaires et les indemnités chômage.

Mais le patronat et le gouvernement voient d'un plus en plus mauvais oeil le statut des intermittents dont la branche est, de surcroît, déficitaire. La menace n'est pas nouvelle. Face aux revendications des intermittents, la gauche avait seulement repoussé les échéances en se gardant bien de garantir le maintien du statut.

Le gouvernement actuel rogne sur le budget de la culture, le patronat rogne sur les caisses de chômage et ils tentent de nous faire passer pour des privilégiés.

Ils ont été au moins démentis par la manifestation de ce 21 octobre où nous avons été rejoints par un petit cortège de chômeurs. Et nous devrons trouver la solidarité de tous les salariés, en particulier des salariés permanents du spectacle et de la culture.