TRW REPA - Angers : Le patron empoche les aides... et ferme25/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1786.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

TRW REPA - Angers : Le patron empoche les aides... et ferme

Le groupe américain TRW REPA emploie 90 000 salariés dans trente pays, 64 000 dans la branche automobile, dont 34 000 en Europe et 3 000 en France. A Angers, ce sont 153 salariés qui fabriquent des ceintures de sécurité. Au dernier CE, la direction a annoncé la fermeture pure et simple du site d'Angers pour le 1er semestre 2003.

Depuis onze ans, les travailleurs de TRW se serrent la ceinture : blocage des salaires, augmentation des cadences, travail le samedi, " pour la survie de l'entreprise ". La réaction d'une salariée publiée dans la presse est d'ailleurs éloquente : " Pourtant on a été dévoué, on a travaillé aux moments des vacances, des fêtes et maintenant... "

TRW fait partie de ces entreprises qui appartiennent à des groupes internationaux, qui ont bénéficié d'aides publiques non négligeables, et qui se permettent de licencier voire de fermer purement et simplement, sans aucun scrupule, après avoir exploité au maximum les travailleurs. Ainsi, les élus locaux ont voté 4 400 000 F de subvention du Conseil général à TRW !

En 1991, l'entreprise employait 200 personnes, et la direction avait proposé à 143 salariés de la production une modification du contrat de travail, entraînant une perte de 20 % du salaire, en descendant les classifications et en supprimant les primes (13e mois, équipe, productivité, blouse). Les travailleurs avaient un mois pour se décider. Dans son courrier la direction n'avait pas peur d'écrire : " Nous sommes conscients des difficultés de cette mesure, mais elle est prise pour assurer la survie de l'entreprise. "

Sur les 143 salariés, 112 avaient refusé ce chantage. Pendant le mois de réflexion, la production n'était pratiquement pas sortie. A l'annonce des licenciements de tous ceux qui avaient refusé la baisse de salaire, ce fut l'explosion de colère. Le patron fut séquestré et les piquets de grève empêchèrent toute production pendant plusieurs semaines.

Déterminés à faire payer la direction par tous les moyens, les 112 travailleurs décidèrent aussi de poursuivre la lutte sur le terrain juridique. Après deux ans de procédure, le patron fut condamné à verser entre 8 et 10 mois de salaire pour licenciement abusif, et 2 mois pour non-respect de la priorité de réembauche. D'autre part, le patron dut verser aux Assedic la totalité des indemnités versées aux salariés licenciés.

Cela n'a pas empêché la direction, alors que les préavis n'étaient pas terminés, de réembaucher 88 salariés qui étaient des chômeurs de longue durée, aux conditions refusées par les travailleurs licenciés. Une cellule de travail avait été mise en place avec l' ANPE pour le recrutement, ce qui lui a permis de bénéficier des primes à l'embauche et de l'exonération des charges sociales !

Mais à l'heure où, après avoir empoché toutes les aides, TRW annonce la mise à la porte de ses 153 travailleurs, des licenciements ont lieu ou viennent d'avoir lieu dans plusieurs autres entreprises de la métallurgie, à Angers et environs. Les premiers touchés ont été les précaires (intérimaires, CDD). Puis des plans sociaux ont été annoncés à Péguforme, aux Fonderies de l'Authion, à Aviatube. Les travailleurs d'ACT sont en lutte car l'entreprise vient de déposer son bilan : 700 emplois sont menacés.

L'expérience des dernières luttes, entreprise par entreprise, a fait prendre conscience à un certain nombre de travailleurs qu'il serait nécessaire de réagir tous ensemble.

Les syndicats CGT, FO et CFTC de la métallurgie ont organisé un meeting de toute la métallurgie qui a réuni 150 travailleurs. Cela ne s'était pas vu depuis longtemps. Il a été décidé une manifestation interprofessionnelle le jeudi 24 octobre contre les licenciements, à laquelle sont conviées toutes les entreprises du privé, même celles qui ne sont pas touchées par les licenciements, et toute la fonction publique.

Des travailleurs d'ACT ont décidé d'aller distribuer un tract d'appel à la manifestation aux Fonderies de l'Authion et à TRW. L'idée qu'il faut se serrer les coudes commence à faire son chemin.

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