Ouvertement ou hypocritement, l'État est au service des possédants25/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1786.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Ouvertement ou hypocritement, l'État est au service des possédants

Fort de la royale élection que les partis de gauche ont offerte à Chirac en mai dernier et de la confortable majorité dont l'UMP dispose à la Chambre, le tandem Chirac-Raffarin s'emploie à donner aux capitalistes encore plus de moyens de s'enrichir, quitte à appauvrir encore les classes laborieuses.

Ce n'est certes pas une politique fondamentalement différente de celle que Jospin a menée durant cinq ans. C'est au contraire dans la continuité de celle-ci, comme Jospin n'avait fait, dans bien des domaines, que poursuivre ce que Juppé avait entrepris. Mais comme les prochaines élections nationales sont lointaines, la droite au gouvernement n'a même pas à se soucier des réactions électorales possibles des milieux populaires.

Alors, dans tous les domaines, on voit se multiplier les mesures en faveur du patronat ou défavorables à la population.

La courbe du chômage a repris son ascension. De nombreuses entreprises annoncent leurs nouveaux " plans sociaux ", c'est-à-dire des licenciements et des suppressions d'emplois. Et que fait le gouvernement ? Il s'apprête à suspendre les articles de la pourtant très timide " loi de modernisation sociale ", qui avait quelque peu allongé les délais concernant les licenciements collectifs (sans évidemment les interdire). Faciliter la tâche de ceux qui fabriquent des chômeurs supplémentaires, voilà la politique du gouvernement.

On peut en outre être sûr que, lorsque cette décision sera entrée en vigueur, bien d'autres entreprises, dont les patrons n'attendent que cela, annonceront de nouveaux plans de licenciements.

Ces mesures prises en faveur du patronat sont parfois plus ou moins habilement présentées comme des mesures " sociales " ou " démocratiques ". Il en est ainsi, par exemple, de la politique dite de décentralisation, inaugurée par le gouvernement socialiste Mitterrand-Mauroy en 1982, et poursuivie par la droite. Elle concerne en particulier le transfert de certaines décisions aux Conseils régionaux. Et on voudrait nous faire croire qu'elle est destinée à rapprocher les centres de décision du public. Mais si la volonté des différents gouvernements qui se sont succédé depuis vingt ans avait vraiment été de faire en sorte que la volonté des habitants de chaque région, département ou commune soit mieux prise en compte, on n'aurait pas assisté à ces suppressions de lignes de chemins de fer, de classes ou d'écoles, de bureaux de poste dans des villages ou des quartiers, d'hôpitaux de proximité, qui accompagnent l'incessante dégradation des services publics.

Ce qui intéresse l'État, dans la décentralisation, c'est au contraire de pouvoir se désengager d'un certain nombre de dépenses pourtant indispensables à la collectivité, et de pouvoir consacrer l'essentiel de son budget à soutenir les intérêts de la bourgeoisie et à entretenir une armée capable de défendre les intérêts de l'impérialisme français aux quatre coins du monde.

Les hommes politiques qui dirigent les Conseils régionaux sont tout à fait conscients que les transferts de compétences envisagés ne s'accompagneront pas d'un transfert de moyens suffisant. Ils protestent d'ailleurs de temps en temps, surtout s'ils appartiennent à l'opposition. Mais ils ne s'y opposent pas, car de toute manière ils auront ainsi plus d'argent à gérer, et plus de moyens pour favoriser les capitalistes de leur région.

De même, au niveau des départements, aucun des politiciens qui expliquent, par exemple, qu'ils vont avoir bien du mal à financer " l'allocation personnalisée d'autonomie ", destinée aux personnes âgées, n'envisage de réduire le budget considérable des subventions qu'ils accordent aux entreprises.

Le problème fondamental n'est pas celui des compétences respectives de l'État, des régions et des départements. C'est que tout le système est au service des seuls possédants. Et c'est cela que les travailleurs devront changer, en unissant leurs forces pour le faire.

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