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- Lutte ouvrière n°1786
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Leur société
Et en plus, il faudrait aider les pauvres ?
Le jeudi 18 octobre était la journée mondiale du refus de la misère, organisée par le mouvement ATD-Quart Monde. En France, les associations d'aide aux exclus ont saisi l'occasion pour dénoncer la répression accrue contre les pauvres annoncée par les projets de loi de Sarkozy, ainsi que la réduction des fonds prévus dans le budget 2003 pour l'aide sociale.
Aussi, les emplois " aidés " devraient être réduits de plus d'un tiers l'an prochain. Les contrats emploi-solidarité (CES) passeraient de 260 000 à 160 000, les contrats emploi consolidé (CEC) de 40 000 à 30 000. Le ministre du Travail, Fillon, voulait en plus réduire la part de l'État dans le financement de ces contrats. Il y a renoncé, devant les protestations. Il reste que cela ferait 110 000 emplois en moins pour des travailleurs en grande difficulté, alors que depuis des mois les chiffres du chômage augmentent.
Fillon veut aussi " réformer " le RMI, revenu minimum d'insertion, le transformer en revenu minimum d'activité, RMA, et en déléguer la gestion aux départements. Le ministre a livré le fond de sa pensée : " Parmi ceux qui n'ont pas de travail, il faut donc distinguer les vrais exclus de ceux qui cherchent à détourner le système ". Pour le ministre, le chômage serait la faute des chômeurs, pas des patrons qui licencient.
C'est un argument démagogique classique. Si aujourd'hui il y a tant de gens à secourir, pour reprendre le vocabulaire des dames patronnesses, ce serait parce que dans chaque assisté, dans chaque pauvre, se cacherait un tricheur en puissance.
Les associations se sont plaintes aussi de la désinvolture avec laquelle elles sont traitées par les services de l'État. La secrétaire d'État à la Lutte contre la précarité et l'exclusion reconnaissait récemment que 50 % des aides prévues pour 2002 n'avaient pas été versées.
Travailleurs pauvres, chômeurs, exclus, le gouvernement français n'a pas d'argent à gaspiller en votre faveur. Il a déjà donné à ses bonnes oeuvres, " ses pauvres " : les bourgeois et les patrons.