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- Lutte ouvrière n°1786
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Leur société
PCF : Redevenir " proche du peuple "... sans changer de politique ?
Dans une interview à l'Humanité du 18 octobre, Marie-George Buffet, ancienne ministre du gouvernement socialiste et actuelle secrétaire nationale du PCF, s'interroge encore une fois sur l'avenir de son parti.
De nombreuses critiques énoncées par les militants contre la direction du parti et sa politique y sont rapidement évoquées. " Les licenciements en masse ont contribué à casser ce rapport étroit entre notre parti et notre peuple ", " on me parle des privatisations... nos choix n'ont pas toujours été judicieux ". Mais pendant que le gouvernement de Jospin laissait les patrons licencier et procédait à la privatisation d'Air France et de France Télécom, que faisait Marie-George Buffet sinon cautionner ce qui se décidait, par sa participation au gouvernement ? Que faisaient les députés du Parti Communiste, sinon approuver par leurs votes ?
Pour tout cela Marie-George Buffet ressent " de la souffrance " et " de la colère " mais apparemment pas le moindre regret. Il ne s'agit pas pour elle, a posteriori, de remettre en cause la participation et le soutien du Parti Communiste au gouvernement de la " gauche plurielle " Appelé, après des lustres, à redevenir un parti reconnu apte à gérer les affaires de la bourgeoisie, le Parti Communiste entend le rester à l'avenir. Tel est le souci majeur de Marie-George Buffet et de la direction du PCF.
Mais alors comment mettre fin à l'hémorragie électorale et militante du parti sans changer réellement de politique ? A cette question l'ancienne ministre de Jospin n'a pas de réponse. Elle n'a que des soucis et quelques combinaisons politiciennes. Elle s'interroge sur les prochains rendez-vous électoraux et sur les choix qui permettraient au PCF d'obtenir le plus grand nombre d'élus. En faisant alliance avec le Parti Socialiste pour les élections régionales ? En cherchant d'autres alliés pour les élections européennes ? Marie-George Buffet laisse entendre que ces choix dépendront uniquement du mode de scrutin différent à chacune de ces élections et des résultats espérés.
Elle rappelle, ce qui est la réalité, qu'" il y a toujours des communistes actifs dans les quartiers, dans les entreprises " mais elle prend soin de les avertir : " Nous ne croyons plus au "grand soir", à la dictature du prolétariat ". Ce n'est pas nouveau. Mais elle n'ose quand même pas dire qu'il n'y a plus de lutte de classe ni de dictature de la bourgeoisie, ce qui serait nier l'évidence. Simplement, elle n'en parle pas. Et pourtant cela reste l'essentiel.
Cette réalité, que le PCF continue d'oublier, les " communistes toujours actifs dans les quartiers et les entreprises ", la vivent quotidiennement. Contrairement à leurs dirigeants, pour eux, les liens n'ont pas été " rompus " avec le monde du travail, pour la raison simple qu'ils en font partie.
Il faudrait redonner un sens à cette lutte de classe, que la classe ouvrière, qu'elle en ait conscience ou pas, est contrainte de mener contre un patronat pour qui il n'y a jamais de trêve sociale. C'est une priorité bien plus décisive que les calculs concernant de futures et hypothétiques alliances électorales dans les prochaines élections qui se dérouleront dans vingt mois.