Côte d'Ivoire : Armée française, hors de la Côte-d'Ivoire !25/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1786.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte d'Ivoire : Armée française, hors de la Côte-d'Ivoire !

En Côte-d'Ivoire, une trêve a été signée le 18 octobre entre les mutins, entrés en rébellion depuis un mois, et les forces gouvernementales du président Laurent Gbagbo. La France soutient ouvertement le régime ivoirien chancelant. L'armée française a été chargée de " sécuriser " la ligne de cessez-le-feu et de servir de tampon entre les belligérants, dans l'attente du déploiement de la force d'interposition des États d'Afrique de l'Ouest.

Depuis leur entrée en rébellion, les mutins ont réussi à s'emparer du nord du pays. Les dernières offensives des forces armées ivoiriennes (" Fanci ") de Gbagbo ont échoué ; ces " forces armées " sont bien plus habituées à rançonner et terroriser la population pauvre, il est vrai, qu'à combattre d'autres soldats !

Le régime de Gbagbo a donc été sauvé de la débâcle par l'intervention française. Et s'il y a intervention de puissances étrangères, comme le prétendent Gbagbo et ses sbires, c'est celle de la France. La propagande officielle prétend que les mutins seraient manipulés par le Burkina Faso voisin. Façon de faire d'une pierre deux coups, désignant à la vindicte populaire à la fois un ennemi extérieur et la grande majorité des travailleurs immigrés, originaires de ce pays.

Daloa, la capitale du cacao, aux mains des rebelles, a été reprise par les forces armées ivoiriennes, grâce surtout à l'aide militaire française et à celle de soldats angolais venus prêter main forte, en dépit de ce que prétendent Gbagbo et sa clique qui affirment n'avoir acheté que des armes à l'Angola ! Pourtant, une intervention armée de l'Angola n'a rien de très surprenant. Ce n'est pas la première fois que ce pays " prête " des soldats à l'impérialisme français pour intervenir dans son pré carré africain, comme il l'a fait au Congo-Brazzaville, par exemple, pour sauver la dictature de Sassou Nguesso.

L'armée française compte désormais plus d'un millier d'hommes en Côte-d'Ivoire pour soutenir la clique de Gbagbo. Positionnée autour des deux capitales, Abidjan et Yamassoukro, elle est aussi installée non loin de Bouaké, deuxième ville du pays, détenue par les mutins. Aujourd'hui, elle est en première ligne pour veiller au " respect du cessez-le-feu ", multipliant les barrages routiers... afin surtout d'éviter que les mutins ne progressent vers le sud du pays !

L'accord de cessez-le-feu signé entre les mutins et les représentants de la Cedeao (la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest) qui ont fait pression sur le régime ivoirien, de crainte que le conflit ne déstabilise toute la région, risque à tout moment d'être remis en cause. D'ores et déjà, Gbagbo exige le désarmement des mutins... et ceux-ci s'y refusent ! Alors, est-ce un accord ou un prétexte à une contre-offensive militaire ? Début octobre, les pourparlers qui traînaient en longueur avaient permis au régime ivoirien de préparer une attaque contre Bouaké !

Les mutins semblent jouir d'un soutien populaire dans les régions qu'ils contrôlent. Ils réclament la fin de la xénophobie, des discriminations, le départ de Gbagbo et le retour à la démocratie. Cependant, quelle que soit l'issue de ce conflit armé, les populations pauvres, ivoirienne et immigrée, n'ont rien à attendre de bon des bandes armées qui des deux côtés les prennent en otages. Il ne faudrait pas oublier en effet que, si les forces armées rebelles et gouvernementales s'affrontent aujourd'hui, elles faisaient partie, hier encore, du même corps et obéissaient aux ordres des mêmes chefs militaires et politiques, qui de Bédié à Gbagbo, en passant par Gueï, ont défendu la même politique xénophobe et raciste !

Ni les forces gouvernementales ni les forces rebelles ne sont en mesure de représenter les intérêts des masses populaires. Et demain, elles pourraient bien d'ailleurs, si la situation se présentait, se réconcilier sur leur dos.

Partager