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Dans les entreprises
Michelin : mort d’un « sale capitaliste »
Vendredi 30 avril, après l’annonce de la mort de François Michelin, les drapeaux étaient en berne sur tous les sites Michelin. Mais dans les usines, l’émotion n’était pas à la hauteur des interviews de salariés sélectionnés par les médias. Celui qui se vantait en 2013 d’être un « sale capitaliste » était un bourgeois réactionnaire militant.
François Michelin, présenté comme un conquérant, un humaniste ou un grand capitaine d’industrie, a hérité d’un groupe dont la fortune s’est construite notamment sur la vente de matériel militaire et d’avions pendant la Première Guerre mondiale ; un groupe qui a imposé les pires conditions de vie et de travail aux coolies dans ses plantations d’hévéa en Indochine et qui continue d’en exploiter, en Afrique notamment.
Il ne cessait de fustiger le droit du travail français comme étant d’inspiration marxiste. Il ne supportait pas l’existence des syndicats. Et il avait une haine des fonctionnaires.
En 1968, il avait claqué la porte du CNPF, l’ancêtre du Medef, outré par les accords de Grenelle négociés suite à la grève générale de mai. Il dénonçait notamment les augmentations salariales et les concessions faites aux syndicats. Lors des négociations à Clermont-Ferrand, refusant de rencontrer les organisations syndicales, il imposa un médiateur qui faisait la navette entre eux.
François Michelin a également à son palmarès sept plans « sociaux », du début des années 1980 jusqu’en 1999, avec plus de 16 000 suppressions d’emplois en France. À Clermont-Ferrand, les effectifs sont passés de 30 000 à 12 000 aujourd’hui.
Les hommes politiques et les médias ne tarissent pas d’éloges. Le gouvernement socialiste envisage d’envoyer un représentant aux obsèques, qui seront dirigées entre autres par Etienne Michelin, évêque de Chartres et fils du défunt.
En revanche, les travailleurs qui ont été exploités sous la direction de François Michelin, ou ceux qui continuent de subir les augmentations de cadence, la dégradation des conditions de travail, les bas salaires ou les licenciements, ne vont guère le pleurer aujourd’hui.