Rafale, un engin de mort et un gâchis social05/05/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/05/2440.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Rafale, un engin de mort et un gâchis social

Après avoir vendu 24 Rafale à l’Égypte et 36 à l’Inde, Hollande s’est déplacé au Qatar pour signer un contrat de 6,3 milliards d’euros portant sur 24 appareils. Le Rafale, réputé invendable, est en passe de devenir un succès commercial.

S’en féliciter est déplacé. Il ne s’agit pas de vendre des sacs à main ou une bonne comédie de cinéma, mais des engins de mort !

L’actuelle lune de miel entre la France et les États du Golfe, qui ont invité Hollande à leur conseil de coopération, découle de l’engagement militaire et politique de la France à leurs côtés. Elle est le fruit de cette politique sordide qui consiste à tisser des alliances pour favoriser les intérêts de la bourgeoisie française dans le monde.

Cette politique n’est guidée ni par la recherche de la paix, ni par la lutte contre le terrorisme. D’ailleurs, qui croira que la France défend la démocratie avec le régime du général al-Sissi, qui liquide dans le sang toute tentative d’opposition en Égypte ? Qui croira que la France lutte contre le terrorisme quand elle arme le Qatar, cette monarchie pétrolière connue pour son soutien à des milices fondamentalistes dont les valeurs moyenâgeuses n’ont rien à envier aux groupes armés qui se réclament de l’État islamique !

Ces ventes résument le cynisme de la politique extérieure française. La France a beau être devenue un impérialisme de seconde zone, tous les gouvernements qui se succèdent se battent pour maintenir le rang de la bourgeoisie française dans le monde. Et Hollande est un défenseur zélé de cette politique.

Si Sarkozy a mené une guerre, en Libye, Hollande en a déjà trois à son actif : au Mali, en Centrafrique et en Irak. S’il avait obtenu l’accord des États-Unis, il se serait bien vu, en outre, participer à la guerre en Syrie. Et c’est sans compter les soldats stationnés au Liban et en Afrique.

Et comme l’argent est le nerf de la guerre, Hollande vient de décider une rallonge de 3,8 milliards des crédits de la Défense prévus jusqu’en 2019. Le gouvernement coupe dans toutes les dépenses sociales, mais il y aura plus d’argent pour les interventions militaires qui ne font qu’alimenter le chaos, les dictatures et les terroristes.

Dans la politique va-t-en-guerre et dans la vente des Rafale, Hollande sera allé plus loin que Sarkozy !

Non, le Rafale n’est pas une bonne affaire, ni politiquement, ni économiquement. Il est et restera un immense gâchis d’argent public.

Pour soutenir le Rafale, l’État s’était engagé, en cas d’échec à l’exportation, à acheter la totalité de la production annuelle, soit un minimum de 11 avions par an. Ce qu’il a fait pendant vingt ans. Au prix unitaire de 150 millions, cela a donc coûté entre un et deux milliards par an. Alors, si bonne affaire il y a, elle est pour les profits de Dassault, Thales et Safran.

Quant à soutenir le Rafale au prétexte que cela créerait des emplois, c’est stupide. La drogue et la prostitution créent aussi des centaines de milliers d’emplois, faut-il applaudir ? À ce compte-là, il faudrait aussi souhaiter les guerres, puisqu’elles assurent toujours le plein emploi !

L’industrie de l’armement est le symbole de l’immense gâchis de capital et de travail que constitue l’économie capitaliste, et le signe d’une société pourrissante.

En Égypte et en Inde, avec les milliards dépensés pour acheter les Rafale, combien de routes, de ponts, d’écoles et de dispensaires pourraient être construits ? Combien de villages pourraient être électrifiés ou raccordés à l’eau potable ?

En France, imaginons que les ouvriers et les ingénieurs que l’on fait travailler sur le Rafale, et qui ont des compétences formidables, travaillent sur des programmes d’aviation civile, de transport public, dans la recherche médicale ou dans le secteur de l’énergie. Combien de cœurs artificiels, de TGV, accessibles à toutes les bourses, pourraient être fabriqués ? Là, on pourrait parler de progrès.

L’économie marche sur la tête parce qu’elle est dirigée par une minorité obsédée par le profit et prête à faire tout et n’importe quoi de son capital, pourvu que cela lui rapporte.

Pour y mettre fin, il faut enlever à cette minorité le droit de décider au nom de tous. Le capital qui lui donne ce pouvoir est le fruit de notre travail à tous. C’est collectivement qu’il faudrait décider de son utilisation, des productions et des emplois à développer.

C’est à cette condition que l’on pourra en finir avec l’exploitation, les inégalités et les guerres qui en découlent. Alors, le Rafale pourra être remisé au musée des antiquités, à côté du silex biface et de la catapulte.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 4 mai

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