Mauritanie : grève victorieuse aux mines de Zouérate05/05/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/05/2440.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mauritanie : grève victorieuse aux mines de Zouérate

Le 1er mai 2015, les travailleurs de la grande mine de fer de Zouérate en Mauritanie ont manifesté au coude à coude après une longue grève que ni le patronat ni le gouvernement n’ont réussi à briser. Quatre jours auparavant ils avaient obtenu la réintégration du dernier gréviste que la direction de la mine s’obstinait à vouloir licencier, au mépris de tous ses engagements, Ahmed Vall ould Cheibany. Les délégués des travailleurs en grève avaient conditionné la poursuite des négociations sur les revendications à sa réintégration.

À Zouérate, les travailleurs ont toujours su se faire respecter malgré la répression et son lot d’arrestations, de licenciements et même de morts comme cela avait été le cas en 1968 où l’armée mauritanienne avait tué huit grévistes. Dans le dernier numéro de leur journal Le Pouvoir aux Travailleurs, nos camarades de l’Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationalistes (UATCI-UCI) décrivent la grève.

Durant plus de deux mois (du 28 janvier au 3 avril), la SNIM (Société nationale industrielle et minière) a été paralysée par une grève générale. C’est la plus longue grève qu’ait connue cette société depuis sa création. Elle a été très largement suivie par l’ensemble des travailleurs de cette entreprise qui exploite les mines de fer de Zouérate et dont l’État mauritanien détient près de 80 % du capital. Elle compte quelque 6 000 emplois directs, dont 4 500 à Zouérate. C’est le deuxième employeur du pays après l’État. C’est aussi la principale source de devises du pays avant les activités de la pêche et l’extraction du pétrole. Plus du quart du budget de l’État mauritanien provient des activités de la SNIM.

Ce qui a mis les travailleurs en grève, c’est le mépris avec lequel la direction de la SNIM a refusé d’appliquer un accord qu’elle avait pourtant signé en mai 2014 avec les syndicats des travailleurs pour un relèvement des salaires et des primes de rendement, entre autres. Elle croyait que les travailleurs resteraient sans réagir, mal lui en a pris. La colère a été telle que les ouvriers se sont mobilisés avec une vitesse et une force auxquelles la direction ne s’attendait probablement pas. Les grévistes ont affirmé haut et fort qu’ils étaient « prêts à aller jusqu’au bout », jusqu’à la satisfaction de leurs revendications.

Dans un premier temps, la direction a voulu jouer aux gros bras en licenciant d’un seul coup 400 grévistes. Loin de mettre fin au mouvement, cette sanction n’a fait que renforcer la combativité. Du coup, la réintégration de grévistes licenciés a été inscrite dans la plateforme revendicative.

Par la suite, la direction a joué sur le pourrissement de la grève et sur la démoralisation des grévistes, mais ceux-ci ont tenu bon malgré la fatigue et le manque d’argent, grâce à leur solidarité et au soutien de leurs familles. Ils ont fait des marches et des rassemblements devant la mairie pour sensibiliser les habitants et pour faire pression sur les autorités politiques. Ils ont envoyé une délégation dans le port minéralier de Nouadhibou, où est acheminé le minerai par le chemin de fer partant de Zouérate. Les ouvriers du port ont alors rejoint le mouvement de grève. C’est alors seulement que le gouvernement, ayant eu peur que le mouvement n’atteigne d’autres catégories de travailleurs dans la capitale, a décidé d’intervenir pour obliger la direction de la SNIM à reprendre les négociations avec les délégations syndicales « sous 48 heures ».

Les travailleurs ont obtenu la réintégration des 400 grévistes et le paiement des deux mois de grève, un mois payé par l’État et l’autre par la SNIM sous forme « d’avance sur production ». Dès que le président mauritanien a annoncé la reprise des négociations entre les représentants des travailleurs et la direction de la SNIM, ce fut une explosion de joie parmi les travailleurs.

Le lendemain, ils ont repris le travail la tête haute, mais ils ne sont pas près d’oublier que même si la direction signe des engagements pour l’amélioration des salaires et des primes, elle ne les appliquera que si elle est contrainte par la mobilisation des travailleurs.

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