Calais : violences policières contre les migrants05/05/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/05/2440.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Calais : violences policières contre les migrants

Le journal Libération a rendu publique la retranscription d’un enregistrement audio où des gendarmes tentent de dissuader des migrants, venus porter plainte après avoir été agressés par des policiers près du terminal de Calais. Les violences policières sont banales. Ce qui ne l’est pas, c’est que des migrants osent porter plainte pour se défendre.

Il y a un an, une vingtaine de migrants, des femmes, des hommes et des adolescents, tentant de passer en Angleterre en s’introduisant dans un camion poids lourd, s’étaient fait prendre par la police. Après avoir été frappés par le chauffeur devant les policiers, les migrants hommes avaient été emmenés hors de la ville, où ils avaient été une nouvelle fois frappés par les policiers.

De retour dans la « jungle », cette zone proche du terminal de Calais où les migrants tentent de survivre, ils ont raconté leur histoire. Des militants associatifs leur ont suggéré d’aller raconter ce qu’ils avaient subi aux gendarmes, ce qu’ils ont eu le courage faire. Et une juriste qui les accompagnait a enregistré leur passage à la gendarmerie.

Les gendarmes ont alors tout fait pour les dissuader de porter plainte, menaçant les migrants de « retombées », d’avoir « du gendarme et du policier (…) à gogo ». Et les phrases prononcées par les gendarmes reflètent la banalisation de cette violence à l’encontre des migrants. « Dans leur pays, ils oseraient dire que la police les a cognés ? », a dit l’un.

Le commandant des gendarmes s’est plus longuement expliqué en direction de la juriste : « Maintenant, ils viennent dire : “Ouais, mais il m’a frappé !” Certes, ça ne se fait pas. Mais on va aller jusqu’où comme ça ? Bientôt, ils vont venir s’installer là, et puis on va devoir leur dire merci ? (…) Je me rends bien compte que c’est des gens qui sont dans la misère, je suis sûr qu’ils seraient sûrement mieux chez eux que de devoir traverser tout ce qu’ils traversent. Mais quand on a la situation qu’ils ont, ben, faut tout accepter, malheureusement. Ça fait partie de la chose. »

En effet, ils quittent leur pays, abandonnent tout, traversent les pires calvaires, dans l’espoir d’une vie supportable pour eux ou leur famille. Les barrières et autres violences policières ne les stopperont pas. Les guerres qui s’accentuent au Proche-Orient, en Afrique ou ailleurs ne feront que grossir les rangs des candidats à l’émigration.

« On va aller jusqu’où comme ça ? » Cette question, ce n’est pas aux migrants qu’il faut la poser. Elle se pose à tous. Soit cette organisation sociale capitaliste est renversée, soit elle engendrera toujours plus de barbarie et de comportements barbares, à l’autre bout du monde et ici.

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