Au-delà de l’importance toujours démesurée que la presse donne à tout ce qui touche le FN, un parti qui fait vendre du papier, au-delà du psychodrame père-fille, ressortant plus de la succession boutiquière que de la tragédie antique, avec comptes en Suisse et captations d’héritages en cascade, il y a bien deux tactiques politiques qui s’affrontent à l’extrême droite.

Le Pen Marine a fait prospérer l’héritage électoral paternel. Elle a continué sur les mêmes thèmes racistes, antiouvriers, antipauvres. Mais elle a surtout remporté des succès électoraux en profitant du dégoût suscité par Sarkozy d’abord et surtout par Hollande maintenant, particulièrement dans une fraction de l’électorat populaire.

Ces succès permettent aujourd’hui à Le Pen fille et à ceux qui l’entourent de tenter de transformer le FN en parti de gouvernement apte à participer aux affaires dans la situation actuelle. Le Pen père, président d’honneur, continuait d’assurer le lien avec l’électorat traditionnel de l’extrême droite, pétainiste, OAS, etc. Mais en être réduit à ce seul rôle, et donc proférer de temps à autre l’énormité antisémite qui marque l’appartenance à la tradition fasciste, ne semble pas lui suffire.

La fille veut être ministre. Le père ne se contente pas d’être le faire valoir du côté de l’extrême droite. Mais les deux sont des politiciens de la bourgeoisie et font leur fortune, politique et personnelle, en cultivant les préjugés réactionnaires les plus dangereux. Que le FN se transforme ou non en parti de gouvernement, avec ou sans son fondateur, que ce dernier crée ou non une sorte de FN-canal historique, leurs idées sont à combattre et à proscrire des rangs des travailleurs.