Le syndicalisme en question ? la lutte de classe est bien vivante05/05/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/05/2440.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le syndicalisme en question ? la lutte de classe est bien vivante

On assiste à une campagne antisyndicale qui n’est pas nouvelle mais qui, à l’approche du 1er mai, s’est encore accentuée.

Les sondages ont succédé aux sondages, à partir de questions plus saugrenues les unes que les autres. Comme si interroger les « Français » – quels Français ? – pour savoir s’ils considèrent que les patrons sont plus utiles que les syndicats et autres balivernes, avait un sens. À cela se sont ajoutés différents commentaires, venant de journalistes, spécialistes autoproclamés ou politiciens de tous bord, pour expliquer que les syndicats ne font plus recette.

La preuve avancée a été les dernières manifestations du 1er mai qui n’ont pas rassemblé les foules, en omettant, en toute mauvaise foi, que trois semaines auparavant, le 9 avril, il y avait quand même plusieurs dizaines de milliers de manifestants dans toutes les grandes villes de France ; en occultant aussi, à l’occasion de ce 1er mai, le fait que le défilé du FN était squelettique comparé aux manifestations appelées par la CGT, seul syndicat à appeler à le faire ce jour-là à l’échelle du pays avec Solidaires et la FSU, et qui ont rassemblé 65 000 manifestants, selon les chiffres de la police. Et si l’on veut poser ce problème, il serait plus honnête de faire état d’autres chiffres, comme ceux de la participation aux élections professionnelles dans les grandes entreprises, là où la pression antisyndicale se fait un peu moins sentir.

Mais le fond du problème se situe ailleurs : l’utilité du syndicat, du point de vue des intérêts des travailleurs s’entend, ne se mesure pas à son rôle dans les organismes paritaires et institutionnels. C’est même le contraire.

Les syndicats, du moins ceux qui se situaient sur le terrain de classe, qui s’opposaient au pouvoir quasi dictatorial de patrons se sentant tout permis, ont été utiles aux travailleurs pour organiser leur défense à tous les niveaux, aussi bien au niveau de l’entreprise qu’à l’échelle d’un pays et au-delà des frontières. Durant toute une période, ils n’avaient pas d’existence légale et, même quand ils l’ont acquise, ils n’étaient pas admis par certains patrons. Ils étaient, à cette époque, minoritaires par rapport aux « Français » et même par rapport aux salariés, ce qui n’empêche qu’ils ont joué un rôle indispensable.

En France, et plus encore dans d’autres pays, le syndicalisme est devenu « officiel », institutionnalisé – y compris sous des dictatures comme celles de Franco ou de Pétain en France. Certains de ses dirigeants se sentent, parfois depuis longtemps et encore aujourd’hui, plus proches des gouvernements que des salariés dont ils prétendent représenter les intérêts. Il n’empêche que le syndicalisme de classe est encore bien vivant, incarné par des dizaines de milliers de femmes et d’hommes qui, dans les entreprises, ne baissent pas les bras. C’est cette existence qui suscite la hargne épistolaire de tous ces commentateurs de salon.

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