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ITRON – Chasseneuil-du-Poitou : des travailleurs bien décidés à se défendre
Depuis la mi-janvier, les travailleurs de l’usine Itron, située à Chasseneuil-du-Poitou, près de Poitiers, sont sous la menace d’un plan de liquidation de 124 des 277 emplois. Ils multiplient les actions pour défendre leur avenir. Et, à la veille du 1er mai, ils ont décidé de bloquer le site nuit et jour pour prévenir toute tentative patronale d’évacuer les stocks durant ce week-end prolongé.
Cette usine, qui fabrique des systèmes de comptage électrique pour les domaines industriel et domestique, fait partie de la multinationale nord-américaine Itron, qui regroupe 8 000 travailleurs à travers le monde. Les actionnaires ont décidé de supprimer 681 emplois (tous secteurs confondus) dans différents pays. Concrètement, pour le site poitevin, 75 % du secteur recherche et développement serait touché (soit 66 des 89 emplois) ainsi que 58 autres postes, en production, dans les services administratif et commercial.
La direction envisage de délocaliser la fabrication des compteurs industriels vers la Hongrie pour ne garder, sur le site de Chasseneuil-du-Poitou, que la production du nouveau compteur électrique domestique Linky, justement développé dans cette usine. Les patrons qui viennent d’obtenir, en septembre dernier, un contrat avec ERDF pour fabriquer pas moins de 1,2 million de ces nouveaux compteurs – sur un marché potentiel de 35 millions – remercient ainsi les travailleurs en leur montrant la porte. Pour les 153 qui resteraient, la direction reste évasive quant au maintien des postes au-delà de 2016, ce qui ne l’empêche pas de vouloir pousser la production au maximum, notamment par le recrutement prochain de près de 70 intérimaires. Licencier les uns, précariser les autres correspond bien à la politique générale du patronat.
Tirant toutes les ficelles pour bénéficier de financements publics, les patrons d’Itron-France ont perçu pas moins de 21,3 millions d’euros, entre 2008 et 2013, au titre du Crédit impôt recherche. À ce propos, le député-maire PS de Poitiers, Alain Claeys, se targuait dans la presse locale d’avoir constaté l’absence d’abus dans cette affaire, concluant : « Il n’y a pas de loup ».
Depuis près de 4 mois, les travailleurs font parler d’eux, multipliant les déplacements au siège du groupe, à Issy-les-Moulineaux, ou ailleurs, interpellant des responsables politiques de partis gouvernementaux, bloquant le site pour appuyer leurs représentants lors de discussions avec la direction.
Les diverses actions de ces travailleurs, leur présence fournie en tête de cortège lors de la manifestation du 9 avril, contrarient les plans d’une direction qui aurait souhaité une négociation plus confidentielle. Cette lutte de longue haleine, c’est bien la seule voie pour se défendre.