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Grande-Bretagne : Les appareils syndicaux organisent la désorganisation des luttes
La semaine du 13 au 18 septembre aura été marquée par une activité inhabituelle des appareils syndicaux britanniques. Cette semaine d'action sur les salaires devait comporter ce que la confédération syndicale TUC appelait des « grèves coordonnées » du secteur public et culminer par trois manifestations pour le public et le privé, à Londres, Glasgow et Belfast, le 18 septembre.
Et ce n'est pas trop tôt, car depuis 2008 le pouvoir d'achat moyen d'un travailleur à plein temps a chuté de 10 %, et celui des bas salaires est revenu à ce qu'il était en 1997. Et encore, ces statistiques officielles ne tiennent-elles pas compte des millions de salariés contraints de vivoter d'emplois précaires à temps partiel, avec un salaire incomplet et irrégulier.
Quant aux travailleurs du secteur public, le gouvernement Cameron leur a imposé un gel des salaires de quatre ans à partir de 2010, et prétend les obliger à se contenter d'une rallonge de 1 % cette année - alors que la hausse des prix a atteint 17 % sur cette période. D'où l'organisation d'une première grève de 24 h le 10 juillet, qui avait été bien suivie. Celles prévues pour cette semaine d'action devaient en être la continuation.
Sauf que, plutôt que de donner réellement aux travailleurs la possibilité d'exprimer leur colère, les appareils auront tout fait pour les désorganiser. Ils se sont ingéniés à faire de la « grève-salami ». Le personnel de santé était ainsi appelé à une grève de quatre heures le lundi, puis à continuer jusqu'à la fin de la semaine en prenant les pauses auxquelles il a droit - chose difficile faute de personnel. De leur côté, un seul des trois syndicats d'enseignants avait appelé à la grève, cette fois une grève de 24 h, mais le mardi seulement - en même temps, il est vrai, qu'une grève de 24 h du million de travailleurs municipaux. Quant aux fonctionnaires, ils devaient faire grève également pour 24 h, mais le mercredi.
Mais les appareils syndicaux n'auront même pas réussi à mettre en application leurs plans. Trois jours avant le début de la grève, les syndicats de municipaux annulaient leur mot d'ordre, au motif qu'une « nouvelle offre » leur avait été faite et qu'il leur fallait « consulter leurs adhérents ». En fait, ils ne considéraient pas nécessaire de « consulter leurs membres » pour annuler une grève prévue et préparée depuis des mois.
Et tout cela pour quoi ? La « nouvelle offre » était une augmentation de 2,2 % qui ne serait versée qu'en mai 2015, et qui constituerait la seule rallonge jusqu'à la fin 2016. Ce n'était donc que le même 1 %, emballé d'une autre façon !
Malgré cela, les mouvements qui n'avaient pas été annulés ont été relativement bien suivis. Mais on ne peut pas en dire autant des manifestations du 18 septembre. Face à un déploiement policier sans précédent, la manifestation de Londres était dynamique, mais comptait bien moins de participants que celle d'octobre 2012, la dernière de ce type organisée par le TUC.
En fait, les appareils syndicaux n'avaient pas mobilisé pour cette journée. Même dans des entreprises où la majorité des travailleurs sont syndiqués, comme l'usine Ford-Dagenham près de Londres ou les grands centres postaux de la capitale, il n'y avait eu ni affiche ni tract.
Tout se passe comme si, à six mois des élections générales de mai 2015, le TUC voulait rappeler qu'il existait mais aussi que, en tant que pilier du Parti travailliste, il se montrait « responsable ».
Autant dire que ce n'est pas sur ces appareils bien intégrés au système politique que la classe ouvrière peut compter pour défendre ses intérêts.