Total est la plus grosse capitalisation boursière du CAC 40. Le groupe pétrolier fait des bénéfices colossaux, autour de 10 milliards par an au cours des dernières années, en pillant les ressources des pays pauvres aux quatre coins de la planète et en rackettant les automobilistes. La direction a distribué l'année dernière 5,4 milliards d'euros à ses actionnaires tout en continuant à supprimer des postes et à préparer des milliers de suppressions d'emplois, en particulier dans ses raffineries.

Et pourtant, par tout un montage fiscal, Total ne paie pas d'impôts sur les sociétés en France. En déclarant ses bénéfices essentiellement dans les pays d'Afrique, où le groupe a négocié des taux d'imposition dérisoires, en déplaçant dernièrement la gestion d'une partie de ses avoirs à Londres, en présentant des bilans comptables déficitaires pour ses raffineries et ses stations-service dans l'Hexagone, Total n'a pas payé un centime aux services fiscaux en France depuis deux ans.

Comme si cela n'était pas encore suffisant, Total a droit à 80 millions d'euros de crédit d'impôt au titre du crédit impôt recherche et du CICE. Si le groupe ne peut pas en profiter immédiatement car il n'est pas imposable, la loi est ainsi faite qu'il suffit qu'il ne déclare pas de bénéfice en France pendant trois ans pour recevoir tout de même un chèque de ce montant.

On comprend mieux ce que signifiait le sourire qui accompagnait le bon mot de feu son PDG qui affirmait « vouloir payer plus d'impôt en France ». Une forme d'humour qui, en langage capitaliste, voulait dire pouvoir bénéficier d'encore plus de cadeaux de l'État.