Brésil : Les scandales et leurs retombées22/10/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/10/une2412.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Brésil : Les scandales et leurs retombées

La bataille du second tour des élections présidentielles brésiliennes tournera sans doute autour de la corruption et des affaires politico-financières. Les deux grands partis ont une riche expérience en la matière.

La présidence de Lula avait été marquée en 2005 par le scandale du mensalao, cette « grosse mensualité » versée en dollars à des dizaines de parlementaires de droite pour qu'ils soutiennent le gouvernement. L'affaire avait épargné Lula mais ravagé la direction de son parti, le Parti des travailleurs (PT), dont quelques ténors sont encore sous les verrous. Ce système de corruption avait été aussitôt remplacé par un autre, bâti autour de la compagnie pétrolière nationale Petrobras. Ce système vient d'être découvert et impliquerait trois gouverneurs d'État, douze sénateurs et 49 députés fédéraux liés au gouvernement.

Petrobras est la plus grosse société brésilienne, une des dix plus grosses entreprises mondiales avec 70 000 salariés directs et 400 000 sous-traitants. En 2012, elle a déclaré 7 milliards d'euros de profits. La perspective de sa privatisation fait saliver les spéculateurs du monde entier. Petrobras truquait ses contrats avec d'autres entreprises, qui en retour alimentaient les caisses noires du PT.

Par exemple, Petrobras a acheté pour 1,2 milliard de dollars une raffinerie de Pasadena, au Texas, qui n'avait coûté que 42 millions à son précédent propriétaire. Le trésor national y a perdu autour de 800 millions, mais l'heureux vendeur avait ristourné plusieurs dizaines de millions au PT, et un demi-million au PDG de Petrobras. C'est d'ailleurs ce dernier qui, mis en cause pour un compte en Suisse de 23 millions de dollars, vient de « balancer » ses complices à la justice. Dans d'autres contrats, Petrobras vendait à perte ses propres raffineries, ou soldait à bas prix aux grands trusts les champs de pétrole découverts au large du Brésil. Et ces bonnes affaires, comme les contrats publics avantageux, faisaient affluer les millions dans les caisses noires du PT.

L'affaire se corse quand on sait que Dilma Rousseff, avant d'être élue présidente en 2010, était ministre des Mines et de l'Énergie de Lula, responsable donc du secteur pétrolier, et qu'elle a même présidé le conseil d'administration de Petrobras. Cela fait d'elle une cible facile.

Mais le PT n'a pas le monopole de la corruption. Le PSDB d'Aécio Neves est accusé dans au moins trois grosses affaires, remontant parfois à plus de vingt ans. On lui reproche d'avoir, sous la présidence de Cardoso, acheté des députés pour faire passer le vote autorisant le président à effectuer deux mandats successifs. Il aurait aussi agencé un système de surfacturation pour les trains et le métro de Sao Paulo, où est impliqué entre autres Alstom. Enfin, dans le Minas Gerais, l'État d'Aécio Neves, celui-ci aurait en 1998 financé la campagne de réélection du gouverneur en détournant des fonds d'entreprises appartenant à l'État. La justice ne s'est encore prononcée sur aucune de ces affaires.

En matière de corruption, PT et PSDB se tiennent par la barbichette. Cela ne les empêchera pas de s'accuser à qui mieux mieux et de protester de leur innocence, la main sur le coeur.

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