Fondation LVMH : Veau d'or contemporain22/10/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/10/une2412.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fondation LVMH : Veau d'or contemporain

Bernard Arnault, l'homme le plus riche de France, président et principal actionnaire de la société de luxe LVMH, fait étalage de sa magnificence, de son amour de l'art et de son désintéressement. N'a-t-il pas, lundi 20 octobre, offert à la ville de Paris, à la France et au peuple reconnaissant le musée d'art contemporain que le monde attendait ?

C'est du moins en ces termes qu'en parle la foule de ses courtisans. Pour autant le cadeau ne lui a en fait pas coûté trop cher. Le terrain a été offert par la ville de Paris. Les frais de construction, estimés à plus de cent millions d'euros, et de fonctionnement de la fondation LVMH sont largement déductibles des impôts de la société du même nom. En effet, un régime fiscal avantageux régit les fondations d'entreprise. Et l'on peut faire confiance aux juristes de Bernard Arnault et aux conseillers du ministère des Finances pour trouver le meilleur arrangement possible.

Ce musée, dont l'architecture est spectaculaire, n'est pas seulement le symbole de la puissance de LVMH et de son propriétaire. C'est aussi l'occasion pour ce dernier de poursuivre ses activités de spéculation et d'accroître encore sa fortune. Arnault soutient des artistes contemporains comme d'autres élèvent des chevaux de course, mais avec un bien meilleur rendement. Il achète leurs oeuvres ou les fait acheter par sa fondation, les expose, y compris dans des musées publics, les fait reconnaître par les ministres de la Culture, encenser par les critiques, installer dans les rues par les municipalités, commenter par les journaux. Ces artistes ont tous pour caractéristique d'être chers ou susceptibles de le devenir rapidement. Chaque fois que la cote de l'un d'eux monte, la fortune du collectionneur milliardaire monte avec elle. Le musée du Bois de Boulogne doit être une pièce de ce dispositif.

Pour que rien ne vienne ternir une si belle opération, les députés ont refusé une fois encore le 17 octobre d'inclure les oeuvres d'art dans l'assiette de l'impôt sur la fortune. Trois jours avant l'ouverture du musée de Bernard Arnault et le début de la Foire internationale d'art contemporain à Paris, quelle délicate attention !

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