Le gouvernement a décidé de baisser, à compter du 1er juillet prochain, les allocations des familles qui déclarent plus de 6 000 euros de revenus mensuels.

Plusieurs ministres et députés du PS ont présenté cela comme une mesure de « justice sociale », laissant entendre qu'à cette occasion le gouvernement s'en prenait enfin aux plus riches. Mais cette mesure n'aidera pas plus les familles populaires à payer leurs courses, leur loyer ou les couches d'un bébé.

Les allocations familiales des familles de deux enfants seront divisées par deux, et par quatre pour celles ayant un revenu mensuel supérieur à 8 000 euros. Les familles les plus pauvres, elles, ne bénéficieront pas pour autant du moindre centime d'augmentation. Ce décret ne contrebalance donc pas la politique antiouvrière et pro-patronale menée par le gouvernement, il s'y insère parfaitement.

Toutes les mesures d'économies envisagées sur le budget 2015, et cette baisse des allocations familiales en fait partie, servent à financer les cadeaux fiscaux promis aux entreprises, donc à leurs actionnaires. Les familles de capitalistes millionnaires se fichent royalement de cette baisse de leurs allocations familiales : elles savent bien que, pour quelques miettes qui leur seront prises de la main gauche, ce sont des millions d'euros que le gouvernement leur donnera de la main droite, sous forme d'exonérations ou de crédits d'impôts sur les profits de leurs sociétés. Les politiciens de droite crient à l'injustice, mais à cette occasion ils se font davantage les porte-parole des petits bourgeois que des gros.

Aujourd'hui, le gouvernement assure que la baisse ne concerne que 12 % des familles, ce qui entraînera 800 millions d'euros d'économies par an. Mais il serait naïf de croire que les années suivantes il s'en tiendra là. Et il y a fort à parier qu'il sera tenté de réduire encore le budget des allocations familiales en abaissant ce seuil.

Avec cette mesure, le gouvernement essaye de regagner du crédit, en pointant du doigt les petits bourgeois pour masquer qu'il est au service des plus puissants. « Prendre aux riches », oui il le faudrait. Mais aux vrais, à ceux qui s'enrichissent en permanence en exploitant des millions de personnes, et en jetant à la rue des millions d'autres.