Portugal : Le retour de la faim23/04/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/04/une2386.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Portugal : Le retour de la faim

Les ministres et les banquiers se félicitent de ce que le Portugal ait réussi sans trop de peine à placer plusieurs emprunts sur le marché. Le pays est présenté comme un bon élève de la Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), qui devrait renouer cette année avec la croissance. Mais, en même temps, la misère explose, au point que la faim fait la une de l'actualité.

Selon le Diario de Noticias, 300 000 personnes au moins souffrent de la faim, dont nombre d'enfants. Le président de la République, Cavaco Silva, a reconnu que c'était « une honte pour nous tous ». Les associations caritatives multiplient les collectes, en particulier auprès des restaurateurs, pour faire fonctionner leurs soupes populaires et leurs distributions de vivres.

Ce n'est pas seulement la nourriture qui manque, mais aussi les médicaments, les bouteilles de gaz, les vêtements, sans parler de l'argent pour payer les loyers. Parmi ces pauvres que l'on estime à deux millions, soit 20 % de la population, beaucoup ne sont ni des SDF, ni des chômeurs de longue durée, ni des personnes touchant des retraites misérables. Ce sont de « nouveaux pauvres », qui travaillent ou travaillaient encore récemment, dont les salaires ou les allocations ne sont pas suffisants pour vivre.

Les privatisations envisagées, celles par exemple des transports urbains de Lisbonne et de Porto, des lignes ferroviaires, des transports fluviaux de la capitale, ne feront qu'aggraver les choses. L'émigration des jeunes en état de travailler s'est accélérée. Beaucoup de ces jeunes ont été grossir les rangs des mal-lotis en France ou ailleurs. Quant à ceux qui sont restés au pays, leurs allocations ont encore été réduites.

Deux millions de Portugais vivent en dessous du seuil de pauvreté, et trois autres millions ne le dépassent que grâce à des aides diverses. Cela fait qu'à peu près une personne sur deux est dans la pauvreté. Toute la vie sociale se dégrade.

Il y a quarante ans, la dictature salazariste tombait et la population espérait que la démocratie et le progrès économique se traduiraient par une nette amélioration de ses conditions d'existence. Depuis, le pays s'est effectivement modernisé, mais au profit des classes riches.

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