À la mi-février, Ayrault, encore Premier ministre, s'était adressé par écrit aux syndicats de la fonction publique. Il écrivait : « Je vous confirme (...) qu'aucune mesure ne sera prise qui aurait pour objet de geler l'avancement des agents publics. » La dernière revalorisation des salaires remontait en effet à 2010 (+0,5 %) et Marylise Lebranchu, ministre des fonctionnaires, déclarait en même temps : « Quatre ans de gel c'est beaucoup. »

C'est sans doute beaucoup, mais cela n'arrête pas Valls, qui veut prolonger le gel des salaires dans la fonction publique au moins jusqu'en 2017.

Il est également question de « raboter » les rémunérations des hauts fonctionnaires, une formule dont on ne se sait pas ce qu'elle recouvre et qui vise surtout à mieux faire passer le gel pour l'ensemble des fonctionnaires. Il est également question de limiter le nombre d'enseignants qui seront embauchés, revenant ainsi sur une promesse de Hollande.

Ceux qui ne sont pas fonctionnaires peuvent se dire que cela ne les concerne pas et que les fonctionnaires ont au moins cet avantage de la (relative) sécurité de l'emploi. Ce serait une erreur : le patronat, toujours à l'affût du moindre encouragement à limiter la hausse des salaires, voire quelquefois à les réduire, ne peut qu'être satisfait. La limitation des salaires des fonctionnaires est aussi un signal de l'État pour indiquer qu'on peut limiter les salaires de tous les travailleurs.

L'ensemble des syndicats de la fonction publique ont décidé de faire une journée d'action avec manifestations le 15 mai prochain. Quand une partie du monde du travail est attaqué, c'est l'ensemble qui doit se sentir visé.