En l'absence de mesures pour empêcher les patrons de licencier et les contraindre à embaucher, en refusant la création de nombreux emplois publics, les responsables politiques laissent la situation des travailleurs se dégrader. Certains vont jusqu'à accuser les instituts de statistiques de présenter des chiffres tendancieux. Selon eux, les mauvais résultats seraient dus à des défauts d'actualisation, beaucoup de chômeurs omettant de signaler leur retour à l'emploi.

La réalité est à l'exact opposé. Seulement une part infime des chômeurs, moins de 4 %, retrouvent un emploi d'un mois sur l'autre, bien moins que ceux qui perdent le leur. Et dans les deux tiers des cas, c'est un travail précaire, et de plus en plus souvent à temps partiel. Chaque mois, des centaines de milliers de chômeurs disparaissent des listes de Pôle emploi, mais ils sont remplacés par encore plus d'autres. Seule une minorité retrouve un travail alors que les autres, près de 60 %, ne font que sortir des statistiques tout en restant au chômage : ils ont commencé une formation, qui souvent ne débouche sur rien, ou bien ils ont été radiés des listes, par erreur ou parce qu'ils n'avaient pas répondu à un mail de leur conseiller.

De plus en plus nombreux aussi sont les travailleurs qui renoncent tout simplement à faire les démarches pour rester sur les listes de Pôle emploi, parce qu'ils n'ont droit à aucune allocation et que les annonces proposées sont si peu nombreuses qu'ils préfèrent chercher du travail par d'autres moyens.

On ne sait pas si, au bout du compte, par des manipulations ou par la présentation tordue des statistiques, Hollande pourra affirmer que la courbe du chômage s'est inversée. Mais la réalité du chômage, elle, n'en a pas fini de ronger la société.