Il est reproché à Morelle d'avoir fourni ses services, rémunérés, à un laboratoire pharmaceutique danois, du temps ou il était haut fonctionnaire de l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales), organisme chargé entre autres de contrôler les activités des fabricants de médicaments, attitude choquante mais, de plus, hors la loi.

À cela s'ajoutait le fait, signalé du même coup par Médiapart, qu'il avait accaparé tout un salon de l'hôtel Marigny pour faire cirer ses 80 paires de chaussures, en utilisant les services d'un cireur professionnel.

Cet individu, présenté comme un pur produit de l'école de la République parce qu'il était issu d'une famille ouvrière d'origine espagnole, avait intégré l'ENA où il était le condisciple et dit-on l'ami, entre autres, de François Hollande. Il se croyait semble-t-il tout permis, y compris les caprices les plus saugrenus.

La droite a tout naturellement fait des gorges chaudes de cette affaire, qui vient après l'affaire Cahuzac, oubliant un peu trop vite les casseroles qui lui sont accrochées, comme celles concernant Woerth, Bettencourt, Sarkozy, ou encore celle, toute récente, qui a impliqué Jean-François Copé, révélant qu'il avait favorisé ses amis dirigeants d'une société spécialisée dans l'organisation de meetings facturant ses services à des tarifs exorbitants. Dans ce match droite-gauche, il y a donc match nul, vraiment très, très nul.

L'affaire Morelle est effectivement choquante. Mais elle ne constitue qu'une péripétie, somme toute fréquente et banale, révélatrice des moeurs et du comportement de ceux qui nous gouvernent. Le véritable scandale est surtout dans le fait que cet individu, au-delà de ses manies et de ses caprices d'arriviste, ait été, avec d'autres, un des artisans de la mise en oeuvre d'une politique entièrement dirigée contre la population laborieuse.